»Je ne serais pas le pyromane de service »

Partager

L’urgence d’un sursautLes questions inhérentes aux politiques économiques, à l’investissement privé et public, à la réglementation en vigueur, aux dispositifs à même de relancer l’activité économique de la région, ont été abordées lors, des riches débats qui a prévalu pour la circonstance. comme il a été l’occasion de lever certains équivoques sur des questions dont la quintessence touche le vécu quotidien des citoyens, à l’exemple du tissu routier, de l’oued Sebaou à la limite d’une catastrophe écologique, pour lequel la mesure de fermeture des sabliers est entérinée par décision du wali tout récemment. C’est en présence d’acteurs économiques publics et privés qu’est donné le coup de starter de cette initiative, trouvée louable pour bon nombre d’observateurs, dès lors qu’elle suscite débat de fond sur le comment et le pourquoi, de l’inertie qui frappe la région, et ainsi défricher le terrain pour une perspective de développement pour la région dont les potentialités ne manquent pas. Le consensus sur le constat est atteint, reste à actionner une synergie de toutes les forces pour des actions concrètes, utiles à la collectivité, objectif que s’assigne le forum de la Dépêche de Kabylie.

Quant l’Etat sévit« L’affaire de l’oued Sebaou, qui a toujours préoccupé les citoyens et les pouvoirs publics, date de plus de 15 années. L’état des lieux de cet oued est inquiétant à plus d’un titre, la nappe phréatique est gravement affectée, par l’extraction irrationnelle du sable. En sus des sablières opérationnelles, dont certaines sont réglementaires et veillent au respect du cahier de charges, les pilleurs aussi, aggravent la situation de l’oued, d’où l’imminente menace d’une catastrophe écologique et sanitaire. En reconstituant l’historique de ce oued, il en ressort qu’il constitue une source d’approvisionnement en matériaux de construction, et au-delà, s’est transformé en source de spéculation tous azimuts. Des intérêts colossaux s’articulent autour de l’exploitation de cet oued, où des fortunes colossales, sont récupérées sans qu’elles ne soient réinjectées dans une économie productive au bénéfice de la région. Il s’agit en fait, d’une maffia disposant de tentacules et de relais dans plusieurs centres de décision, ou une palette de personnes tirent les dividendes, en ce sens qu’une décision, même impopulaire, s’impose pour assumer consciencieusement ses responsabilités. L’extraction anarchique du sable, et l’exploitation de l’oued Sebaou, a impérativement besoin d’une réglementation rigoureuse. A présent, il y a 7 concessions qui sont accordées, moyennant un cahier de charges, dont le critère principal est le respect et la préservation de l’environnement, en particulier la nappe phréatique. Le dossier en question a engagé un sérieux débat entre moi et les élus de l’APW, au point de visionner un film retraçant les conditions d’extraction du sable. Des universitaires de la région ont tiré la sonnette d’alarme par un travail de recherche, mettant en exergue les dangers qu’encourt l’environnement, si la mesure nécessaire ne serait pas prise. L’Etat via ses représentants, se doit d’avoir de la concession cédée à des particuliers pour une période de 4 ans, l’enjeu de l’exploitation de l’oued, est plus que stratégique, d’où l’impérieuse nécessité d’une réglementation draconienne. Ces dernières années, la région qui a connu une situation particulière, où l’Etat pouvait faire erreur d’appréciation sur un certain nombre d’épineux dossiers, ou l’illicite s’est substitué au licite, le retour de la force et de l’autorité de l’Etat, atténuera les élans nuisibles et contre productifs d’un certain nombre d’acteurs, où sont greffés des milliers de spéculateurs. Il fallait prendre des risques à notre corps défendant, sachant que la région a besoin d’apaisement. Certaines mesures prises n’ont pas apporté leurs fruits ».

Le contrat d’un concessionnaire est de 4 ans« L’investissement dans les sablières ne peut dépasser la durée de 4 ans, pour celui qui en bénéficie de la concession. Le choix d’un concessionnaire est retenu suite à un avis d’appel, dans le cadre des adjudications, celui qui offre le mieux à l’Etat serait engagé à exploiter la sablière. L’Etat, à ce niveau, respecte à la lettre ses engagements, mais de l’autre côté, nous avons affaire à l’exact contraire, c’est la pure violation de toute les clauses. Au niveau de l’oued, on s’est rendu compte, qu’il y a des tranchés d’une profondeur de 15 mètres, et la nappe totalement perforée. Des ouvrages hydrauliques se sont détruits comme c’est le cas du pont de Sidi Naâmane, la mise à nue d’une conduite de gaz. Plus grave, on a découvert une contamination directe de la nappe phréatique par les eaux usées qui proviennent des stations d’épuration. Le risque des MTH (Maladie à transmission hydrique) nous guette à tout instant, surtout en période estivale. C’est en janvier 2004, que le contrat des concessionnaires est expiré, et en janvier 2005, la décision de fermeture est prise, ce qui en soit est salutaire et ne veut nullement dire que que cela relève d’une décision antiéconomique pour la région. Le renouvellement des contrats est tributaire de bonnes conditions d’exploitations des sablières, avec un cahier de charges assez précis et rigoureux. Les six mois de sursis, dont ont bénéficiés les exploitants de sablières, est dû à un passage au nouveau régime juridique régissant le dossier. Les prochaines attributions se feront sur la base de nouveaux textes. La mise à l’arrêt des sablières, a été une décision d’une commission qui a regroupé deux représentants, des élus et les directeurs de wilayas concernés par le dossier en question.Les contraintes liées à cette mesure de fermeture est l’arrêt de l’approvisionnement du sable, gravats, matériaux. Il fallait prendre le risque et opter pour le moindre mal. Pendant cette période d’arrêt, la nature reprendra ses droits, les choses vont se stabiliser. Réorganiser les sites d’exploitation du sable et que, inéluctablement, avec un maximum de présence et de regard de la force publique, les résultats seront meilleurs”.

4 pilleurs sous mandat de dépôt, 17 appelés à comparaître“La logique arrêtée par les pilleurs est de travailler uniquement pendant le jour. On a remarqué plus de camions la journée que la nuit. La gendarmerie et le corps de sécurité en charge du contrôle des sablières et de l’oued Sébaou. Au vu des conditions politiques de la région, ce corps de sécurité opère uniquement la nuit. 4 pilleurs sont déjà sous mandat de dépôt, pendant que 17 à 20 comparaîtront devant la justice et seront auditionnés dans les prochains jours. La traque sera une opération permanente et continue, de jour comme de nuit. Pour revenir à l’impact de la fermeture de l’oued, les grands projets de la wilaya délivreront des autorisations ponctuelles sur des endroits que l’administration aura à définir. Les sites de grande taille n’en manquent pas dans la wilaya. Pour ceux qui sont intéressés ils sont les bienvenus pour investir dans les matériaux de construction et les agrégats. Tous ceux qui seront surpris sur les sites, de façon non réglementaire auront affaire à la force de la loi.”

“La maffia n’est pas plus puissante que l’Etat”“La panoplie de mesures à prendre pour arrêter la catastrophe de l’oued Sebaou, réside dans un premier temps à détruire tous les accès aux sites. Toute mesure ou plan arrêté, il revient au corps de la gendarmerie de l’appliquer et de l’exécuter ; On ne pouvait donc intervenir dans ce sens, sinon cela serait assimilé à de la pure provocation par les citoyens de la région. Loin s’en faut, l’idée de jouer le rôle du programme de service, bien au contraire, le rôle dévolu est d’amener la région à de meilleures conditions à un apaisement généralisé, à une stabilité. C’est à ces conditions que le capital pourrait être mis en mouvement de développement, et les spéculateurs n’auront pas une marge de manœuvre puisque l’Etat par sa force d’intervention sera omniprésent. Certes, il est connu que la maffia du sable est puissante, mais avec l’appui de tous, elle ne saura être plus puissante que l’Etat”.

Khaled Zahem

Partager