La friperie dans tous ses états

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Tizi Ouzou ne fait guère exception puisque les échoppes de friperie ont conquis de grandes parts du marché local et la culture du vêtement d’occasion n’est plus étrangère. Les choses ont, semble-t-il, bien évolué pour les vendeurs de vêtements d’occasion, même si ces derniers mois, des réticences se font sentir après que plusieurs organismes de santé auraient alerté sur le risque de maladie qu’engendrent de tels vêtements d’occasion. Ce sentiment a été partagé par quelques citoyens, rencontrés, hier, à l’occasion d’une virée dans ces magasins de friperie. “J’ai toujours été client, j’achète depuis des années déjà des vêtements d’occasion et j’avoue que je me sens plutôt bien, cependant, en lisant un article de presse récemment, je dois dire que je commence vraiment à douter. Ils ont parlé d’un risque de maladie, cela me fait vraiment peur”, nous dit Madjid, la quarantaine, rencontré à la sortie d’un magasin de friperie situé au centre-ville de Tizi Ouzou. Cet avis n’est pas partagé par Nadia, étudiante à l’université de Tizi Ouzou qui venait juste de faire ses emplettes dans ledit magasin. “Je pense qu’il s’agit d’une pure campagne d’intox qui vise ce genre de commerce, même si un tel risque pouvait exister cela serait valable pour les habits neufs. Pourquoi l’on ne parle pas du produit chinois qui présente aussi des risques ?” s’interroge-t-elle. Notre interlocutrice fera remarquer que la friperie s’apparente chez les jeunes Tizi-ouziens, à un effet de mode. “On s’y plaît” dira-t-elle.

Il faut dire que le magasin ne désemplit pas, chaque client tente de se “retrouver” parmi l’offre importante qui y est exposée : des tee-shirts à 60 DA, des chaussures à 150 DA… Des prix largement abordables pour les couches moyennes. “Au début, certains de nos clients avaient des réticences, cela s’explique par le fait que les gens avaient honte de porter des vêtements d’occasion, avec le temps les choses ont changé, nous comptons nos clients parmi les différentes catégories, même les riches y sont de la partie”, dira, l’air fier, un fripier au centre-ville. Interrogé sur les risques sanitaires que peuvent engendrer ces vêtements, notre interlocuteur estime qu’“il n’y a rien à craindre. Nous avons tous les documents nécessaires, des autorisations de la direction du Commerce, certificat d’hygiène entre autres”. Cependant, des citoyens rencontrés dans un autre magasin situé celui-la à la Nouvelle Ville de Tizi Ouzou en face de l’université, nous expliquent leurs inquiétudes du fait que ces vêtements véhiculent des maladies incurables et contagieuses.

“C’est le cas de la gale, une maladie de la peau”, nous dit Amar, un retraité de la santé, originaire des Ouadhias. Ces appréhensions sont alimentés par des informations qui font état de très mauvaises conditions d’acheminement des lots de vêtements et leur stockage, certains clients parlent d’odeurs qui s’y dégagent : “Ces vêtements usagés sont parfois suspects, du fait qu’on ne connaît même pas leur origine, ils peuvent constituer un vecteur de maladie très grave”, nous dit Hassen, étudiant en médecine, à l’université de Tizi Ouzou.

Ce qui est apparent, c’est qu’à Tizi, la population ne cède plus au facteur “prix” qui est mis en valeur dans ce genre de magasins. Le commerce de la friperie fait peur, même si les petites bourses y trouvent leurs comptes. Toutefois, entre quelques sous de moins et la bonne santé du citoyen, le choix est vite fait.

A. Z.

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