Un grand Zenith pour un grand cheikh

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C’est l’un des hommages des plus attendus du public et des plus mérités pour un artiste que celui qui sera rendu le 3 avril prochain, au Zénith de Paris, à Kamal Hammadi, grand auteur compositeur, chanteur, interprète et producteur où une pléiade de chanteurs kabyles — toutes générations confondues — ; ceux qui l’ont connus et pour lesquels il avait composé des chansons, vont être présents pour l’honorer dans ce grand gala artistique.

Cet heureux événement organisé par la Brtv en partenariat avec Aigle Azur et le journal La Dépêche de Kabylie rassemblera sur une même scène de grands chanteurs kabyles parmi lesquels, on peut citer Chérif Kheddam, Idir, Lounis Aït Menguellet, Athmani, Rachid Mesbahi, Ferhat Imazighen Imoula, Taleb Rabeh, Mouloud Zedak, Akli D, Malika Yami, Karima, Nadia Baroud, Lounès Kheloui, Djamel Allam, Takfarinas, Mohamed Allaoua ainsi que d’autres issus de l’immigration tels que kenza Farah, Leslie, Kore & Bellek et Rimka 113. Kamal Hammadi est un artiste complet, très adulé surtout par le milieu artistique et vénéré par le public connaisseur et au courant de l’ampleur de ses œuvres (plus de deux milles entre chansons, pièces de théâtre et opérettes). Il est né le 22 décembre 1936 dans le village des Ath Daoud (ex-commune de Tassaft) en Haute Kabylie.

Très jeune, il quitte son village natal pour s’installer à Alger la ville qui forge son talent artistique auprès des plus grands maîtres de l’époque. C’est en 1954 qu’il entame sa carrière artistique sous un pseudonyme. Sa vie est jalonnée d’une longue carrière de plus d’un demi siècle riche en activité et prolifique en chefs-d’œuvre, marquant de nombreuses générations de chanteurs et interprètes kabyles.

Vers un guichet fermé

Au train où vont les ventes (première formule étant largement dépassée) à le grand gala se fera sûrement à guichets fermés d‘après les organisateurs qui affirment qu’en plus des chanteurs qui se produiront sur la scène, quasiment tous les chanteurs kabyles seront invités à l’occasion de cet hommage grandiose qui ne manquera pas d’originalité mais aussi de belles surprises, une manière pour les organisateurs de rassembler beaucoup d’éléments du monde artistique Kabyle, et ce, par la seule aura et œuvre d’un homme qui a toujours préféré travailler dans l’ombre mais qui n’a jamais manqué de pertinence ni d’être en phase avec son temps. Cette force tranquille, cette source prolifique et intarissable de la culture kabyle, l’artiste aux mille et un tubes C’est « Dda Kamal » comme tout le monde aime l’appeler par respect et courtoisie. Son existence est une nouvelle chance pour la chanson kabyle conjuguée au passé présent et à l’avenir. Cette grande reconnaissance par ses sociétaires grands et petits, connus ou méconnus, célèbres ou pas célèbres n’est qu’une manière subtile de « rendre à césar ce qui appartient à césar » une forme de réconciliation avec les vrais acteurs du métier, ces créateurs de tubes et de vedettes, ces travailleurs de l’ombre, ces génies qui préfèrent rester loin de toute louange. Ce geste, on ne peut plus généreux mais combien plein d’enseignement, envers cet artiste de grande envergure nous renseigne sûrement sur l’hommage dû à l’égard des hommes de cette trompe, une occasion d’apprendre à montrer tout le respect, la reconnaissance et l’amour qu’on a envers l’artiste de son vivant, pas après sa disparition, comme disait le poète Mohand Ouyahia qui est malheureusement parti sans avoir eu droit à un geste du genre : « cekkeryi uqvel ademtegh » (glorifies-moi avant de mourir).

Cette nouvelle façon de remercier un artiste en sa présence n’est en réalité qu’un devoir, c’est la moindre des choses. C’est une manière de réapprendre à vivre ensemble, à travailler ensemble, à avancer ensemble et à se convenir les uns les autres, une formule dont seul « Dda kamal  » possède la recette car elle ne reflète que l’image d’un vrai altruisme dans son art, celui de Kamal Hammadi.

De Paris Djillali Djerdi

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