En effet, ce ne sont pas tous les vendeurs de matériaux de construction qui en disposent. Par conséquent, les prix de ce dernier ont flambé. Hier, le coût du ciment variait entre 1 100 et 1 350 DA le quintal. Comme nous l’avons déjà expliqué sur ces mêmes colonnes, cette pénurie est causée essentiellement par la fermeture des deux cimenteries qui alimentent en grande partie le marché de Tizi-Ouzou. Il s’agit, tout le monde l’aura certainement compri, de la cimenterie de Meftah et celle de Sour El Ghozlène qui sont d’ailleurs sur toutes les lèvres des professionnels en la matière à Tizi. “C’est la baisse de l’offre du fait que les deux usines ne produisent plus de ciment qui a engendré cette crise”, nous dit en substance un vendeur de matériaux de construction. Même son de cloche chez un entrepreneur exerçant dans le domaine du bâtiment. “Lorsque la cimenterie de Sour El Ghozlène se met à l’arrêt, c’est la panique et la crise suivra inévitablement. C’est cette cimenterie qui approvisionne le marché local”, explique celui-ci, qui croit savoir que l’entreprise de distribution, l’ERCC en l’occurrence, dont-il est client, ne se fait alimenter que de cinq cocottes, l’équivalent de 100 tonnes, par jour. “Ce qui est largement insuffisant pour satisfaire la demande”, poursuit cet entrepreneur. L’autre société en charge de la distribution de matériaux de construction à Tizi-Ouzou, qui n’est autre que l’illustre Edimco, fonctionne elle aussi au ralenti. Celle-ci qui s’appréviosonnait en temps normal avec 200 tonnes de ciment par jour, a vu son quota se limiter seulement à 40 tonnes/jour. “Nous avons signé une convention avec la cimenterie de Meftah, mais celle-ci a dû fermer rideau et par conséquent, elle ne nous approvisionne qu’en quantité limitée”, nous a dit, en substance le directeur de l’Edimco, Hamid Derridj. Pourtant selon nos informations, la cimenterie de Meftah a observé cet arrêt de production délibérément.“C’est un arrêt préventif”, estime en effet un professionnel. Concernant la cimenterie de Sour El Ghozlène, sa fermeture est intervenue à cause d’une panne. “Il faudra peut-être attendre encore quelques semaines pour que la cimenterie de Sour El Ghozlène reprenne du service”, affirme le responsable du service commercial de l’Edimco qui croit savoir que celle de Meftah reprendra le travail à partir de demain, 2 avril, mais cette dernière sera t-elle en mesure de satisfaire à elle seule les besoins de la capitale du Djurdjura ? La question mérite d’être posée car il n’est pas évident sachant que l’importante quantité acheminée vers Tizi-Ouzou est fournie par la cimenterie de Sour El Ghozlène.
Autrement dit, la crise risque de perdurer encore et ce, au grand dam de la population qui ne sait d’ailleurs pas sur quel pied danser depuis l’évènement de cette crise. Particuliers et entrepreneurs… personne n’est épargné. Certains affirment qu’ils ont tout bonnement suspendu leur chantier jusqu’à nouvel ordre. C’est le cas de cet entrepreneur qui soutient que la plupart de ses nombreux chantiers sont actuellement à l’arrêt. “Comment voulez-vous qu’on travaille sans ciment ?” ironisa ce dernier et d’ajouter : “Se procurer ce matériau est devenu quasi impossible dans la mesure où nos habituels fournisseurs n’en disposent pas”.
Plusieurs chantiers à l’arrêt
Il s’agit là, en fait d’un seul exemple parmi des dizaines d’autres entreprises qui sont contraintes de cesser leur activité en attendant des jours meilleurs. Que dire alors des particuliers ? Et bien, un grand nombre de ces derniers se sont résigné aussi à attendre. “Je ne peux pas me permèttre d’acheter le ciment à ce prix de plus de 1000 DA le quintal et ça lorsqu’on le trouve”, dit un citoyen. En fait, pour trouver le ciment à Tizi-Ouzou, il faut en chercher. “On a programmé mon quota pour dimanche passé au niveau de l’ERCC de Taboukert, d’ailleurs je me suis acquité du paiement, mais à ma grande surprise, le jour J on m’a signifié, lorsque je me suis présenté à l’entreprise, que je devais encore attendre car la marchandise n’était pas disponible dans l’entreprise” raconta un citoyen. En somme, cette crise a suscité le désagrément de plus d’un, certains n’hésitent pas à afficher leur mécontentement. “Je n’arrive sincèrement pas à admettre que le ciment a atteint les 1350 DA. C’est du vol pur et simple”, lança un autre citoyen qui dit ne pas avoir compris cette hausse vertigineuse dans la mesure où le prix de ce matériau à l’usine reste le même.
Bien entendu, face à cette exclamation, somme toute légitime, on n’hésitera pas à sortir la fameuse loi du marché et le rapport entre l’offre et la demande pour expliquer cette flambée. Pourtant, à ce prix affiché depuis quelques jours, on ne doit pas se ruer vers ce produit. “Les gens achètent en petites quantités seulement durant cette crise”, dira d’ailleurs un vendeur de matériaux de construction. En d’autres termes, la demande sur le ciment ne devrait pas être si forte pour entraîner une telle hausse.
Les maquignons montrés du doigts
En fait, ce “rapport” n’explique pas à lui seul cette flambée. Les éternels profiteurs de pareilles circonstances trouvent, en effet, leur compte. Ceux-ci manipulent les prix à leur guise. “Je me suis procuré une petite quantité de ciment hier, que je revends aujourd’hui à 1100 DA le quintal. Sachez que j’ai acheté cette petite quantité en troisième main”, explique un vendeur spécialisé. Cela pour dire que ce matériau qui revient aujourd’hui très cher passe par plusieurs revendeurs avant d’arriver au consommateur. Et évidemment, chaque revendeur doit en profiter au maximum. C’est ça en fait la loi du marché chez nous, les propriétaires des dépots de matériaux de construction qu’on trouve aux abord des routes, ont en fait les mains liées. “Ca me chagrine vraiment, mais je ne peux pas vendre à ce produit un prix moindre, je suis un commerçant, je ne fais que gagner ma journée”, explique aussi un autre vendeur. Le gros profit dans cette crise est tiré, en fait, par des personnes intermédiaires qui s’enrichissent davantage parce qu’elles ont libre accès, à ce matériau. Cette pénurie fait, en effet, l’affaire d’une poignée de gens au détriment de toute une population qui ne sait plus à quel saint se vouer, sinon d’attendre la fin de l’orage.
M. O. Ben Mokhtar