Les paysans ne savent plus comment faire face à ces hordes de sangliers qui, dès la nuit tombée, envahissent leurs champs. Au matin, les traces de leur passage se font chaque jour plus importantes. A la recherche de tubercules, ils retournent la terre, creusant des trous pouvant atteindre une cinquantaine de centimètres de profondeur. Ni les jardins ni les arbres dont ils mettent à nu les racines, ne sont épargnés. D’un appétit vorace, ils se nourrissent indifféremment de racines, de figues, de glands ou d’autres fruits à leur portée. Les sangliers ont besoin, quotidiennement, d’une quantité de nourriture évaluée à vingt-cinq kilogrammes, chacun. Pour les besoins, ils étendent de plus en plus leur territoire. Les clôtures les plus solides ne semblent pas les dissuader de pénétrer dans les potagers où ils s’adonnent à des destructions en règle, pour se rassasier. Ces derniers jours, plusieurs citoyens les ont vus se rapprocher des maisons dont les habitants ne les effarouchent plus.
Cependant, lorsqu’ils sont pris de panique, ces animaux peuvent représenter un danger pour les humains qui les rencontrent sur leur chemin.
Cette présence, peu habituelle, pourrait s’expliquer par leur prolifération. N’ayant pas de prédateurs naturels, le porc sauvage qui se reproduit en grand nombre (une portée peut atteindre une douzaine de petits), s’est multiplié rapidement depuis que la situation sécuritaire s’est dégradée. En effet, les amateurs de chasse au fusil ne “sortent” plus pour des raisons évidentes alors que les pièges avec câble ne sont pas toujours efficaces. Il ne reste alors, pour éloigner ces destructeurs que les épouvantails auxquels ils s’habituent d’ailleurs au bout de quelques jours et qui ne leur font plus peur. Pourtant, dans les années quatre-vingt, les amateurs de chasse en réduisaient régulièrement le nombre grâce aux “compagnies de chasse” qui en tuaient par dizaines à chaque battue. Des sorties organisées et autorisées de temps à autre, pourraient être la solution à ce que les fellahs considèrent comme un fléau contre lequel ils n’ont que leurs mains.
A. O. T