A Tichy, la carte nationale est aussi verte mais, le décalage horaire est consistant. La vie en nocturne semble s’y être bien ancrée. On veille aux délices de la vie des soirées galantes et feutrées. C’est le rêve bougiote. Un rêve qu’on a tendance à prolonger chaque nuit davantage. C’est coloré. Ca va fort. C’est mouvementé. Ça swing. Et forcément, ça éreinte. Et le réveil se fait lent, et pénible, le lendemain. Les commerçants s’affairaient à nettoyer et arroser devant leurs établissements comme dans un volontariat pour replacer le décor de la veille quand on s’apprêtait à mettre le cap sur Melbou, l’autre ville côtière plus à l’est de Béjaïa. Destination la cité aux multiples facettes Sur la route qui s’allonge le long du littoral, direction la corniche jijeliènne, la circulation est dense. On y croise des véhicules immatriculés un peu partout. Ca va du 02 de Chlef au…44 de Aïn Defla. Le littoral Béjaoui est visiblement prisé telle une…bougie en ces périodes où le délestage de l’électricité est promu en mode de gestion. Tichy est belle. Le paysage est encore plus féerique au plus loin. Mais l’animation nocturne s’y concentre plus dans cette bourgade qu’on assimile à une péninsule de la tentation. Quasiment tous les interdits…sont permis, mais, on fait tout de même attention à la ceinture de sécurité. En ville, le levée du soleil s’est fait presque dans l’indifférence. Mais sur la route, le mouvement avait déjà repris ses droits. Ça va dans les deux sens. C’est fluide. A peine quelques minutes de route et Baccaro nous tend les bras. La localité faite de quelques habitations éparpillées, et d’une pléiade de bâtiments érigés de part et d’autre de la rue principale parallèle à la rive bleue semble plutôt vivre ordinairement le quotidien. Du moins en ces périodes de grandes canicules où un camp de toile est improvisé face à la grande bleue.A Aokas, la plus belle fille est la nature En d’autres temps, la réalité est tout autre. Les bâtisses sont quasiment désertes. Leurs propriétaires ne viennent qu’en été. Ce sont généralement des gens d’autres wilayas. C’est ce que nous indiquait un jeune du coin. Il marque un silence puis ose une confidence de plus : « En dehors de l’été, les prix des locations baissent. Les filles des complexes en profitent pour s’y installer. Certains appartements se transforment alors en lieux de rendez-vous. La nuit, rien n’est sûr. Les vols sont fréquents. Même des portes blindées ont été défoncées ». C’est la regrettable réputation dont s’est encombrée ce hameau. Plus à l’est, Aokas est plutôt renommée par son cap, et son tunnel qui héberge la grotte féerique. La grande plage du centre invite par son étendue à planter le parasol. C’est ici l’autre haut lieu touristique bougiote. Sur le sable, comme dans les établissements de restauration, le kabyle domine encore même si l’accent vire déjà sensiblement. La splendeur de la carte postale, elle, gagne en éclat. Du haut de la falaise, le regard succombe instantanément au grand plongeon. La vue se perd dans la beauté du site. Devant le panorama, les rondeurs ne sont qu’un infime détail. A Aokas, la nature est…la plus belle fille.
Melbou la coquette, Melbou l’immaculée Sur la voie rapide qui file tout droit vers Jijel, et au bout de la trente-cinquième borne, Acif Agrioune annonce enfin l’entrée de Melbou, une commune balnéaire en construction depuis des années. Elle l’est toujours. Le béton a presque tout englouti, mais excepté le complexe touristique El Djorf Eddahabi qui fait la notoriété de la ville rien ne…brille vraiment. C’est ici que la saison estivale de l’année a été ouverte. Ce fut en grande pompe. Et puis plus rien. Le complexe résume Melbou la coquette. Tout le reste est encore un rêve à mûrir. Aux 35 Logements, les ordures sont amassés à même l’entrée du bâtiment. Les ruelles défoncées et maculées de tas d’immondices qui jonchent les bordures offrent un affreux visage au quartier “le garage” où tout reste à faire. Seule la grande artère qui traverse la ville, et l’allée menant au complexe sont bitumées. Tout autour fait du contraste à la localité. « Les choses vont doucement. Vous savez, en dehors de la saison estivale, la ville ferme. De tous ces commerces aujourd’hui ouverts, passée la mi-septembre, il ne restera que deux cafeterias, et autant d’épiceries pour les gens d’ici qui n’ont pas vraiment ou aller. En hiver, il ne fait vraiment pas bon vivre ici. Maintenant, c’est l’été, la plage compense tout, et tout le monde en profite de la situation », explique Dahmane, la quarantaine bien accomplie. La mer est à peine à 300 mètres de l’agglomération. L’appartement est proposé à 70000 DA le mois. Rien que ça ! Avec l’eau qui « vient et repart ». Le kilo de pommes de terre est coté à pas moins de 30 DA, soi près du double du prix pratiqué à Béjaïa ville…30 DA le kg de patates, 1500 DA les 5 charges de sable…d’un bourriqueA Melbou, le soleil ne perd rien de son éclat mais il est étrangement doux. C’est comme si les dieux d’ici sont plus cléments qu’ailleurs. Mais pas les hommes qui y vivent. Ici, on traficote comme on peut. On pille le sable à dos de bourrique. « J’ai moi-même payé 5 charges, c’est l’équivalent d’un voyage de tracteur, à 1500 DA. J’en avais besoin pour faire quelques travaux chez moi. En plus il faut veiller. Car on vous l’achemine en cachette à 3 heures du matin. Tout le monde le sait. La pratique est courante. D’ailleurs, vous n’avez qu’à faire un saut le matin à la plage. Vous ne trouverez pas que les traces des humains…Il n’y a pas que ça…Vous trouvez normal qu’un bar plein de p…affiche au fronton de son entrée Restaurant familial ! Allons, Allons… » L’abcès est crevé. Certes Melbou n’est pas encore Tichy mais la ville couve aussi son lot d’interdits. Les habitants de la vieille cité sont irrités par les établissements de jouissance.Les entraîneuses sont interdites du village.Tout récemment, paraît-il, le comité de village est parvenu à un deal avec les patrons de ses boites ou toutes les pratiques seraient admises. Le client passerait, dit-on, vraiment pour…un roi à 1000 DA. « Mais les filles n’ont pas le droit de circuler dans le village. Les jeunes, et les habitants les ont bien averties. Elles arrivent en taxi, et elles repartent en taxi. Elles descendent, et remontent devant l’entrée du bar. Elles n’ont le droit de faire aucune commission dans les commerces de la ville. D’ailleurs elles vont se faire belles à Aokas ou à Tichy ». A Melbou, les habitants appréhendent énormément l’amplification du phénomène de la prostitution. L’origine du mal n’est pas locale puisque tout le monde ici soutient que un peu comme Tichy, Melbou est en passe de devenir un carrefour où le business de la chair tend à prendre des proportions. « Les filles sont pour la plupart d’Oran ou de Tlemcem, enfin de l’Ouest. Il y’a aussi celles qui sont venues de l’est mais pas trop. Par contre ceux qui font monter la mayonnaise sur les pistes avec leur billets débarquent de là. Les Sétifiens nous empoisonnent la vie. D’ailleurs, les week-ends, nos familles ne s’aventurent même pas sur la plage. Ils sont partout avec des bouteilles, des cachets… » Dahmane, levait là petitement le voile sur le vrai quotidien de l’autre Melbou. Tout à fait autre de celui consigné sur les dépliants de promotion de cette station balnéaire. Et puis cette boutade dont le tout Melbou en parle: Tout à fait à la sortie est de la ville, un particulier a visiblement eu le coup de pioche le plus prospère, auquel il ne s’attendait pas. En engageant des travaux de terrassements sur un espace dont il projetait l’extension, la terre s’ouvrit soudain devant lui sur une grotte. Depuis, il semblerait qu’il en a bien pris soin. Il y a mis un cadenas et l’exploite à son compte. Il en a fait en quelque sorte…son parking à lui.
D.C.