Un village hors champ !

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Situé à 45 km au sud-est du chef-lieu de la wilaya, El Hamam est incontestablement le village le plus mal loti en matière de développement dans la commune d’Ouled Rached, voire dans la wilaya de Bouira. Un village enclavé, abandonné, oublié… C’est là donc le leitmotiv répété par ses habitants. En effet, plus de 1000 habitants d’El Hamam vivent encore dans un isolement où les promesses des responsables ont fini par rendre la notion de vie décente en un simple mirage. Entouré par une chaîne montagneuse et par des forêts fortement boisées, ce village était très connu pendant la décennie noire comme étant «une base» des hordes islamistes. Depuis lors, le village avait souffert le martyre mais la brave résistance des habitants était de mise. Toutefois, livrés à leur propre sort, ces habitants ont dû fuir les lieux. En compagnie de Mohand, habitant d’El Hamam, il nous montre les traces des groupes intégristes, «ils étaient là… Ils passaient par-là… Leurs casemates étaient là-bas !» Quelques années après, tandis qu’une partie des habitants a préféré partir ailleurs, la majorité est de retour au village, cependant, à El Hamam c’est toujours le requiem ! La seule route menant au village est exiguë et défoncée, elle ne peut être empruntée par des véhicules. A cet état de dégradation s’ajoute l’absence du transport en commun. Le plus souvent, ces campagnards ne sortent de leur village que le mercredi, à destination d’Ahl El Ksar, car c’est à la fois le jour du marché hebdomadaire et le jour réservé à la consultation médicale à la polyclinique. Quant à « la galère que vivent les habitants, notamment, en l’hiver, elle est digne d’une autre contrée. C’est quasiment intolérable ! », nous dira Moussa. De par sa nature accidentée, les villageois d’El Hamam, majoritairement pauvres, vivent de l’élevage d’ovins et de caprins, de l’oléiculture, de la culture de blé dans des parcelles de terre et de la vente du bois. Dans ce village où il est difficile même de capter le réseau téléphonique, 70% de jeunes, sont « en chômage, cohabitent dans le désespoir » nous a déclaré Aïssa, 31 ans, chômeur. «Nous avons payé un lourd tribut au temps du terrorisme,…nous sommes revenus dans notre village. Mais, comme à l’accoutumée, les responsables ne viennent ici que pour nous courtiser, une fois tous les cinq ans, à l’occasion des élections», dira à mi-voix un autre habitant qui présente des signes de misère. Nacer, un autre habitant, dira : «Nous ne pouvons plus tenir aussi longtemps que cela». A l’exception de l’électricité, aucune autre commodité n’est digne d’être citée dans ce village. Vivre au jour le jour est, laborieusement, le mode de vie de tous ces villageois. Les besoins se mesurent en fonction de leur disponibilité. Pour ces villageois, la moindre opération qui se sera inscrite pour le village sera sûrement un rêve en soi !

L.M.

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