“Les enfants ne sont que le relais d’une violence qu’ils subissent. Ils s’identifient à leurs bourreaux physiques ou symboliques et en reproduisent les actes”, analyse un psychologue d’Akbou, officiant dans une UDS, au sujet de ce phénomène qui s’invite dans les établissements scolaires.
Violence physique caractérisée, dégradation du mobilier scolaires, insultes… sont en effet devenues la hantise des éducateurs. Dans nombre d’écoles, cette violence est omniprésente. D’aucuns soutiennent que le laxisme ambiant, la permissivité et l’immunité ont largement favorisé l’émergence et l’extension de ce phénomène. “Les auteurs de dépassements sont rarement sanctionnés, du moins pas à la mesure de leurs actes répréhensibles qu’il s’agit des éducateurs ou des apprenants, d’où les cas de récidives constatés”, fait remarquer un enseignant d’Amizour.
La voie est ainsi ouverte à tous les abus et la violence a vite fait de s’installer durablement, faisant parfois tache d’huile.
Bien des éducateurs fustigent les textes régissant le conseil de discipline. Les attributions de cette structure sont jugées très réduites et les délais de prise de sanctions éventuelles trop longs. “Il s’écoule souvent de long mois entre le verdict rendu par un conseil de discipline, qui n’a pas à vrai dire, les coudées franches, et l’aval de la tutelle”, déplore un directeur d’école, qui a eu à siéger dans ledit conseil.
Des actes de vandalismes sont également le lot quotidien de nombreux établissements : mobilier saccagé, vitres brisées, murs ornés de tages et de graffitis obscènes… “De plus en plus d’élèves sont turbulents, insoumis, parfois arrogants jusqu’à l’insolence”, témoigne Mehdi, un enseignant de Seddouk. “La situation a dégénéré ces dernières années et ni le staff pédagogique ni les associations des parents d’élèves ne semblent en mesure d’enrayer cette déferlante qui engage tous les strates de la société”, ajoute-t-il. Un autre enseignant nous apprend qu’un de ses collègues a essuyé dans l’enceinte même de l’établissement où il exerçait, un chapelet de jurons et d’intimidations de la part d’un de ses élèves. Pour couronner le tout, l’infortuné s’est fait molester à la sortie de l’école par le frère aîné du potache. “L’enseignant en question s’en est tiré avec deux semaines d’incapacité de travail”, rapporte t-il sidéré. A en croire de nombreux témoignages, le cas de ces enseignants laminés par les élèves ou par leurs proches, déguisés en Rambo revu et corrigé, sont légion.
N. Maouche
