»Zinedine adore sekssou si vaoun »

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De notre envoyé spécial à Marseille, Djaffar Chilab

La Dépêche de Kabylie : Tout d’abord mis à part que vous êtes le frère de Zinedine Zidane, qui est Farid Zidane ?

Farid Zidane : Eh bien Farid Zidane a 44 ans, je m’occupe de tout ce qui est produits dérivés du frangin.

Et vous avez aussi une relation avec le football ?

Non pas moi. Disons que je fais peut-être l’exception. Le foot, c’est pour Nordine et Zinedine.

Pas de sport pour vous ?

Mais si, mais pour moi, c’est plutôt le judo.

Vous le pratiquez en tant que professionnel ou juste pour le plaisir ?

Disons que je l’ai fait sérieusement jusqu’à l’âge de 19 ans puis au-delà j’ai arrêté pour me consacrer au travail.

Et c’est quoi votre grade dans la discipline ?

J’ai atteint celui de ceinture noire.

Et vous avez des relations étroites avec Zinedine ?

Disons que c’est une relation de frère à frère. Rien de plus ni de moins non plus, quoi. On n’a pas de barrières entre nous, enfin tout se passe le plus normalement du monde entre nous comme avec le reste de la famille, quoi.

Comment vivez-vous les faits de la grande notoriété dont jouit votre frère ?

Non, il a toujours évité de faire en sorte qu’il se présente devant nous comme un frère privilégié ou quelque chose de ce genre. Non absolument pas.

Il a toujours été simple. Mais sinon il est arrivé qu’on a eu comme tout le monde des petits différends comme ça se passe de grand frère à petit frère… Une vie de famille normale, quoi.

Vous le voyez souvent ?

Assez oui, même si c’est moins souvent que par le passé. Avec son engagement pour le foot, et tout le reste qui est venu après, il n’a pas souvent le temps qu’il faut pour se permettre du temps libre. De plus, il habite Madrid et nous Marseille, mais le contact est permanent ça c’est clair.

Vous ne le sentez pas un peu loin depuis qu’il est à Madrid ?

Non pas autant que ça. Y a pas de problème. A partir du moment où c’est un choix, c’est une décision qui a été prise et non imposée. Mais sinon, il y a les week-ends. Et puis, quand on a vécu toujours ensemble avec un frère ou un autre membre de la famille ça ne peut pas se chahuter de jour au lendemain quel que soit l’éloignement.

Vous laissez paraître un grand attachement à la famille et aux origines ?

Oui comme pour lui comme pour moi et les autres frères d’ailleurs, les racines de nos parents, et les racines de nos grands-parents, c’est sacré. Ce n’est pas quelque chose à laquelle on peut tourner le dos comme ça. ça serait se renier.

On dit que vous avez passé votre service national en Algérie, c’est vrai ?

Oui exactement. C’est tout à fait vrai. Et ça c’est quelque chose qui est ancré en moi. ça fait partie de moi.

C’est une partie de ma jeunesse que je ne pourrais effacer.

C’est la même chose pour la famille et tout ce qui nous lie à notre point de départ, nos ancêtres, quoi. Le fait d’être né et installé à Marseille ne change rien à nos valeurs, à notre passé.

Mais vous vous êtes déjà rendu en Kabylie ?

Ah oui, oui bien sûr.

Et vous avez toujours des images de votre village Aguemoune en tête ?

Mais oui quelque part, on a toujours des petits détails qui sont à soi, et on n’a jamais perdu de vue ce qu’on est et d’où on est venu. ça fait partie de la vie et c’est le moteur qui fait pousser les gens pour aller de l’avant et ne jamais revenir en arrière.

Et vous y allez souvent encore ?

Non franchement non. Mais je me souviens bien de mes deux années de service militaire que j’ai passé à Dely Ibrahim, à Alger.

A quand remonte votre dernier voyage en Algérie ?

C’était en 2008 lors du décès d’un cousin qui m’était très proche. Je devais y aller et j’y étais. Je me souviens qu’il m’avait accompagné durant mes deux années de service militaire que j’ai passé à Alger, et me rendre en Algerie pour lui faire un dernier adieu était le minimum que je puisse faire… Donc j’y étais pour ce malheureux évènement.

Vous voulez dire à Béjaia ?

Oui.

Et comment avez-vous vécu ce retour au village même si cela s’est déroulé dans un cadre de deuil ?

Ben c’était prévisible de toutes les façons. Beaucoup de choses et de souvenirs sont remontés à la surface. J’ai eu l’occasion de revenir sur les lieux où je passais du temps à scruter le ciel et la mer.

C’est l’enfance qui est revenue à l’esprit ?

Pas mon enfance, mais disons plutôt ma fine adolescence.

Votre éventuelle présence n’a pas été médiatisée. Avez-vous été du dernier voyage de votre frère Zinedine à Alger ?

Non, moi je n’ai pas été de ce voyage.

Peut-on en avoir les raisons ?

Par ce que tout simplement à ce moment-là j’étais convalescent et je regrette un petit peu, mai bon…

Peut-être vous a-t-il fait quelques confidences à son retour ?

Il a en tout cas trouvé formidable que des personnes qui habitent de l’autre côté supportent Zinedine, même s’il jouait pour l’équipe de France. Croyez-moi, il a été très touché par toute cette joie, cet enthousiasme qui lui a été manifesté. Les parents et l’ensemble de la famille ne pouvaient rester insensibles à tout cela également.

Etes-vous avisé sur les projets lancés par votre frère en Algérie ?

Je pense qu’il y a beaucoup de choses qui ont été faites mais quand on est à des kilomètres d’une situation, on ne peut pas savoir exactement où en est l’évolution des choses. Ce que je retiens malgré tout c’est qu’on a beaucoup de messages de témoignages positifs. Mais pour le futur, oui, il y a encore des projets pour améliorer des situations, même si c’est sûr qu’on ne pourra pas tout faire. L’essentiel c’est que peut-être que ça lancera une dynamique, car à chaque fois que quelqu’un donne un peu, il soulagera d’autres. Même le voisin qui peut ne serait-ce que juste réchauffer l’autre pour un moment ou lui donner à manger il faut qu’il le fasse, c’est un geste qui compte. Surtout qu’au fond de nous, nous les Kabyles, on aime recevoir et donner.

Vous dites “nous les kabyles”, c’est quelque chose de fort pour les autres Kabyles qui vous liron…

La famille ne l’a jamais caché, on est fier de nos origines.

Vous vous parlez en kabyle souvent à la maison ?

Moi, souvent pas trop franchement, mais par contre je comprends parfaitement. Je comprends très bien le kabyle car les parents ont pris l’habitude de nous parler dans cette langue depuis qu’on était petits. Maintenant pour le parler, ce n’est pas que je ne sais pas mais disons que je parle le kabyle avec tachaqourt, comme on dit.

Vous le parlez avec vos enfants ?

C’est plutôt mon père et ma mère qui le font. Et puis je vous un avoue que ma femme est aussi kabyle.

Elle est de… ?

De Béjaia aussi.

C’est quelqu’un de la famille ? La question ne vous dérange pas ?

Non pas du tout. C’est une fille que j’ai rencontrée et puis on a fini par se marier.

Avez-vous en vous une tentation de retourner à Béjaia ?

Si c’est pour un tour je le fais sur un simple souhait maintenant pour aller s’installer je ne pourrais pas dire directement non car on ne sait jamais de quoi sera fait l’avenir.

C’est une région qui vous captive ?

Sur ce point oui, j’adore la Kabylie, j’adore l’Algérie. J’ai eu l’occasion d’aller à Djanet et Tamenrasset ça été formidable. Des sites admirables et les gens ont été très acceuillants.

Vous avez fait le voyage avec votre frère Zinedine ?

Tout à fait, cela remonte à novembre dernier. Sur place on a passé une semaine formidable.

Juste pour finir. Zinedine aime t-il la cuisine kabyle ?

Ah oui !

Et c’est quoi son plat préféré ?

Sans hésiter, Sekssou Si vaouen (couscous aux fèves) ou encore aghroum L’aqvayel si felfel (La galette avec du piment)…(Rire !).

Entretien réalisé par D. C.

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