«Amachahou rebbi ats iselhou Ats ighzif anechth ousarou» (Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).Utiliser la ruse pour s’accaparer les biens d’autrui n’est pas recommandé. Pour vous en convaincre, lisez le conte du terroir qui met en scène un chacal et beaucoup de victimes. Cette histoire se passe à l’époque où les animaux avaient le don de la parole et communiquaient avec les humains. Un jour, voulant prendre un raccourci, le chacal saute par-dessus une haie d’acacias. En retombant de l’autre côté, une épine effilée lui perce la patte. Il essaye de la retirer avec ses dents, mais ne parvient pas. Continuant son chemin en boitant, il rencontre une vieille femme qui le prend en pitié et lui dit :- Athets qe jd’ih’edh ay ouchen d’achou akka ik y oughen ? (tu boîtes, chacal, que t’es-il arrivé de mal ?)- D’assenan iyi k’echmen d’eg dhar ig’a d’gi akhe ç ar. (J’ai une épine à la patte qui me fait souffrir le martyre).- Tu me fais de la peine, si tu veux, je vais te la retirer. Ne se faisant pas prier, le chacal lui offre sa patte et, soudain, une idée machiavélique lui traverse l’esprit. Il attend que sa bienfaitrice jette l’épine retirée de sa patte dans les fourrés, pour lui dire avec véhémence :- Aouid assenan inou ! (donne-moi mon épine !)- Zelighth ay ouchen ! (je l’ai jetée !)- Anoua im innan zelith ? (qui t’as dit de le jeter ?) Vhgigh assenan inou, seg thmourth negh seg g’enni ! (je veux mon épine, ramène-la de la terre ou du ciel !).La vieille a beau le raisonner en lui montrant plusieurs épines, il s’obstine à ne demander que l’épine qui lui a été retirée. Ne pouvant la trouver, le chacal lui demande alors : – Efkiyid thamelalt d’eg mkan oussenan (dans ce cas, donne-moi un œuf à la place de l’épine).Pour ne pas l’avoir sur son dos, la vieille lui remet l’œuf réclamé et s’éloigne de lui avec mépris. Encouragé par ce premier succès, muni de son œuf, il se rend chez un paysan et lui demande l’hospitalité pour la nuit. Au moment de se coucher, il demande à son hôte l’autorisation de mettre son œuf sous une poule afin de ne pas le casser. Il se réveille au milieu de la nuit, casse l’œuf, le gobe et barbouille de jaune le bec de la poule, afin de l’incriminer. Au réveil, il se met à se lamenter et à se plaindre. au paysan du forfait commis par sa poule. Comme il n’arrive pas à croire une telle ignominie, pour prouver la véracité des faits, il lui montre le bec badigeonné de jaune du gallinacé. Devant l’évidence “criarde”, le paysan se confond en excuses et lui propose réparation. Il lui offre un autre œuf en échange. Le chacal refuse…- Vghigh thamelalt inou, ala thamelath inou ! (je veux mon œuf, rien que mon œuf !)Pour se débarrasser de lui, le paysan lui offre une douzaine d’œufs (t’ez’ina). Sachant où il veut en venir, le chacal renchérit et dit au paysan :- Vghigh thamelalt inou negh thayaz’its its itchan ! (je veux mon œuf ou à défaut, la poule qui l’a gobé !)Pour se débarrasser de l’importun chacal, le paysan lui cède sa poule.
Lounès Benrejdal (A suivre)