Des familles venues d’ailleurs en nombre, assister à l’énoncé du verdict. En effet, ils étaient près d’une cinquantaine de personnes, et il y a même ceux qui ont fait le voyage depuis la wilaya de Mascara, pour se pointer dès les premières heures de la matinée devant le portail de la cour de Bouira à attendre sur le trottoir le long du boulevard menant du centre universitaire à la direction de l’éducation. Sur les lieux, des femmes, des hommes et même des enfants n’ayant pas pu accéder à l’intérieur du Palais de la justice et qui attendaient à même le sol, un dispositif sécuritaire a été déployé aux alentours de l’édifice de la justice. Tandis qu’à l’intérieur de la salle des audiences nº 1, se tenait le procès des six mendiantes. Un procès qui a été programmé à partir de 11 heures et juste après l’énoncé du verdict dans une affaire de meurtre, la première qu’aura à juger la cour de Bouira à l’ouverture de la première session de l’année 2009. Après la lecture de l’acte de l’accusation, les six mendiantes passeront tour à tour à la barre à l’appel du juge, président de la séance. Lors de leur audition par le magistrat, elles nieront tous les faits qui leur sont reprochés. Elles expliqueront au juge qu’elles “sont venues ce jour là, à Ahnif, pour la première fois mendier et n’avaient nullement l’intention de kidnapper des enfants ou agresser quiconque’’. Le représentant du ministère public qui auditionnera à son tour les six accusées, sera difficile à convaincre, car il notera que “des victimes dont une mère et un enfant les ont reconnues et ont été formels quant à leur identité’’.
Poursuivant son réquisitoire, le procureur se demandera d’où des mendiantes peuvent se procurer une somme de 700 DA pour payer la course du taxieur depuis Akbou. Ainsi, il requerra une peine de 7 ans de prison ferme pour deux mendiantes et 5 ans pour les quatre autres. Une sentence qui provoquera l’émoi sur le banc des accusées. Ces dernières éclateront en sanglot. Les avocats de la défense qui se sont succédé à la barre insisteront surtout sur le fait qu’il était matériellement impossible aux mendiantes d’accomplir leur forfait. A ce propos, un des avocats rappela à l’assistance l’état de santé de deux accusées, une jeune fille enceinte et une vieille malvoyante. Pour un autre avocat, il est pratiquement inconcevable que des mendiantes étrangères à la localité d’Ahnif puissent kidnapper des enfants en plein jour au vu et au su de tout le monde. Ils plaideront tout simplement l’innocence de leurs clientes. Après les délibérations, les six mendiantes écoperont chacune d’elle d’une peine de trois ans avec sursis.
Dehors, et à la sortie des parents des six mendiantes, des scènes de liesse ont éclaté devant la cour et un peu partout dans la ville de Bouira.
Djamel. M.
