Réviser le SMIG coûterait 500 milliards de dinars

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A la grande déception des travailleurs, l’article 87 bis de la loi 90-11 relative au Salaire national minimum garanti (SNMG), une des principales revendications de l’UGTA, ne verra pas son abrogation.

Pour ce qui est des allocations familiales, le patronat a décidé de les prendre en charge graduellement à partir de la prochaine rentrée sociale. C’est en somme ce qui ressort de la tripartite qui a réuni durant plus de 22 heures les trois partenaires sociaux, à savoir le gouvernement, la centrale UGTA et la coordination nationale des patronats composée de la Cap, Cgea, Cipa, Cnpa et la Seve ainsi que les opérateurs économiques publics (UNEP et SGP) à la résidence El Mithak. L’ouverture officielle qui a pris plus de deux heures  » de 10h à 12h de la journée de jeudi) a été une occasion propice pour ces derniers pour exposer leurs préoccupations respectives. Le menu était, pour reprendre les déclarations d’Ouyahia  » riche  » en la matière. Pas moins de 12 points ont été usés en un temps record. Les concertations ne se sont achevées qu’à 6 h 45 de la journée d’hier. Qu’en est-il des résultats ? Mis à part le consensus réalisé en ce qui concerne le dossier  » inédit  » relatif au pacte économique et social, qui, faut-il le souligner, a eu au préalable l’approbation des trois partenaires, les patronats comme l’Ugta n’ont pas vraiment eu une bonne  » pêche « . Le couffin est presque vide” « . Moult points de divergence sont à signaler. C’est le moins que l’on puisse dire dans la mesure où ces deux parties n’ont pas pu avoir le  » ok  » de leur vis-a-vis quant à leurs principales revendications. La centrale syndicale avait l’espoir cette fois-ci de faire aboutir le dossier portant sur la révision de l’article 87-bis relatif au SNMG, en vain. Rappelons que ce même dossier a constitué la pomme de discorde entre le gouvernement et l’UGTA lors de la dernière tripartite de septembre 2003. Quant aux patronats, qui souhaitaient voir leurs charges fiscales et parafiscales revues à la baisse, n’ont pas eu également les résultats escomptés. Le gouvernement a, dans ce sens, affiché sa disponibilité à  » promouvoir davantage la concertation entre le ministère des Finances et les associations patronales, et d’organiser des séances de travail et de concertation avec la direction générale des impôts « . Une première rencontre avec les banques est prévue pour la mi-avril prochaine. Le gouvernement s’est également engagé à examiner la question de la fiscalité dans le cadre du pacte économique et social. Pacte économique et social : la signature prévue pour la prochaine rentrée sociale, Ce dossier s’est taillé la part du lion des pourparlers. Démarrant du principe que l’Algérie est dans une phase de profonde mutation qui se traduit par l’ouverture du marché national sur l’économie mondiale, les trois parties réunies ont jugé nécessaire d’accélérer le processus. Ainsi, ils ont décidé d’installer une commission de travail, composée de représentants des patronats, de Sidi-Saïd, SG de l’Ugta et du chef du gouvernement. Ces derniers estiment que ce pacte va, inéluctablement, avalisé le développement économique et social. Il va également booster, selon leurs conceptions, les investissements déjà réalisés. Pour la période 2005-2009  » nous savons déjà que l’investissement public de développement sera de plus de 4000 milliards de dinars, soit 50 milliards de dollars « , peut-on lire dans le document final de la tripartite. Ainsi, il est prévu à travers ce pacte, de développer la production nationale et de dégager les moyens adéquats pour sa politique de justice sociale. Et par conséquent “assurer notre ouverture dans le monde avec optimisme « . Mais pour ce faire, Ouyahia a plaidé pour aller vers  » la mère des réformes”. la réforme des mentalités.Du côté de l’Ugta, Sidi-Saïd a clairement affiché sa disponibilité d’accompagner les réformes et de s’engager avec les patronats dans le cadre de ce pacte, à condition que ce dernier donne un souffle positif à notre pays.  » “Nous n’avons aucun complexe à ccompagner le patronat, à condition que la redistribution des richesses soit équitable. Le pouvoir d’achat des travailleurs doit connaître des améliorations « .

SMIG : pas de changementCe dossier est l’un des points noirs de cette rencontre, sur lequel lUgta et le gouvernement ont, une fois de plus buté. La centrale syndicale qui espérait  » grignoter quelque chose auprès du gouvernement  » pour reprendre les dires de Sidi Saïd, s’est vu repartir sans avoir arraché l’acquis de sa principale revendication : l’article 87 bis de la loi 90-11 du 21 avril 1990 portant sur le salaire minimum garanti est maintenu. Pas de changement à signaler. Le gouvernement a explicitement réfuté son annulation. Et pour cause, ce dernier estime que si abrogation il y a, l’impact sera lourd sur l’économie nationale. “Les effets induits seraient une dépense supplémentaire de l’ordre de 500 milliards de DA, soit un doublement de la masse salariale de la Fonction publique. Pour le secteur économique public, l’incidence coûterait une enveloppe annuelle de 40 milliards de DA. Ce qui fait que 70% des EPE seraient menées à la faillite immédiate « , justifie le chef du gouvernement. Les mêmes appréhensions ont été exprimées par l’UNEP. Dans l’optique de solutionner cette problématique, le gouvernement a décidé que cette dernière sera traitée dans le cadre d’un groupe de travail tripartite qui se réunira ultérieurement. La date sera fixée d’un commun accord, lit-on dans le document final de la tripartite. Allocations familiales : les patrons s’engagent Les organisations patronales publiques et privées ainsi que l’UGTA ont accépté le retour à la norme universelle qui stipule que les allocations familiales sont prises en charge par les employeurs. M.Ouyahia a déclaré, dans ce contexte, que jusque-là, c’est l’Etat qui les dégageait de son budget, qu’il s’agisse d’une entreprise étatique, privée et même étrangère. Cela étant, les patronats s’engagent à les payer graduellement, et ce, à partir du mois de septembre prochain.

Foncier industriel : le gouvernement se désengage Le chef du gouvernement a été clair sur ce sujet. Selon lui, l’Algérie ne manque pas d’assiettes foncières, notamment à l’intérieur du pays. Cependant, il a souligné que l’Etat ne fait pas de spéculation concernant les prix.

Une réunion mensuelle envisagéeDans l’optique d’assurer la permanisation de la concertation et le dialogue, il a été décidé lors de cette tripartite d’établir une rencontre mensuelle qui regroupera les trois parties. Ces derniers pourront ainsi suivre l’application des recommandations qui découlent de chaque réunion.  » Ces rencontres serviront également à promouvoir la circulation des informations qui ont trait à l’actualité économique et sociale entre les trois parties.”Ont été également à l’ordre du jour le code de travail ainsi que l’activité syndicale, points évoqués par la centrale UGTA. Cette dernière a revendiqué l’enrichissement de la législation du travail, le développement de la négociation sociale et surtout maintenir l’activité syndicale dans le monde du privé. Les patronats, de leur côté, outre les dossiers relatifs aux systèmes foncier et bancaire et à la fiscalité, ont évoqué le phénomène de l’informel. Sur ce sujet, le gouvernement a promis de faire l’assainissement du marché.

Wassila Ould Hamouda

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