En effet, le visage de la cité a été gravement affecté par les glissements de terrain qui, depuis plus d’une année, n’ont pas cessé de crevasser les chaussées, de faire vaciller les maisons et de lézarder les bâtiments. Une bonne partie de la “nouvelle-ville’’ est appelée, de ce fait, à être rayée de la carte. Ce drame, dont les tenants et les aboutissants ne sont pas encore clairement et juridiquement identifiés, frappe particulièrement les logements APC-CNEP construits au cours des années 1990.
Notre journal, dans plusieurs de ses livraisons, s’est fait l’écho de ces péripéties, où l’espoir d’avoir un toit ou un fonds de commerce, s’est transformé en un sinistre cauchemar.
Parmi les solutions qui se sont profilées au cours de ces dernières semaines à cette terrible situation, le projet de transfert des immeubles destinés à la démolition. L’idée de délocalisation est, en soi, une voie de salut. Cependant, le terrain convoité pour réaliser cette opération n’offre apparemment pas de conditions juridiques fiables. Pire, au vu de la réaction de ceux qui se disent les vrais propriétaires des lieux, cette solution risque de soulever des mécontentements qui compromettraient tout projet de ce genre.
Le terrain ciblé par l’APC de Aïn El Hammam pour y transférer les bâtiments endommagés de la ville est situé sur les hauteurs de la région à plus de 1200 m d’altitude, une crête qui s’appelle Ighil. La majorité des propriétés de cet espace revient aux habitants du village Taourirt-Amrane, et en particulier aux familles Benarab et Naït Achour. Dans une requête adressée aux autorités de la commune, de la daïra et de la wilaya, ces familles (appuyées par 600 signatures des habitants du village), s’opposent fermement à ce projet, en faisant valoir des actes prouvant l’appartenance de ces terres à leurs ancêtres. Ils demandent au wali de Tizi Ouzou d’«intervenir d’urgence en tant que représentant légal et légitime des citoyens pour protéger nos propriétés privées et nos droits en tant que citoyens algériens et de veiller au respect des textes de loi énoncés par la Constitution algérienne». La requête fait mention d’actes officiels et de certificats de possession délivrés par l’APC ou par un notaire. Sur ces terres, des maisons sont déjà bâties. Mieux, des citoyens qui ont acheté des lots de terrain auprès de ces familles, ont pu se faire délivrer des actes de reconnaissance de propriété et des permis de construction par l’APC de Aïn El Hammam. En tout cas, les pétitionnaires estiment que la commune n’a aucun droit sur ces terrains, d’autant plus que les intéressés ont déjà cédé à l’APC des parcelles de terrain (pour la construction de l’hôtel Djurdjura, du CEM Amar Ath Chikh, du lycée de jeunes filles, de la route du lycée et du château d’eau) sans qu’aucune indemnisation loyale ait pu intervenir.
Dans une autre requête adressée le 9 mai dernier au président de l’APC de Aïn El Hammam- avec des copies adressées au chef de daïra, à la sûreté de daïra, à l’APW et au wali-, le comité du village de Taourirt-Amrane et les propriétaires des terrains en question font part de leurs «inquiétudes et de leurs appréhensions consécutivement aux décisions prises par l’APC de s’approprier leurs terrains et de les octroyer à l’OPGI lors de la réunion du dimanche 3 mai dans le bureau de l’APC».
Les auteurs de la requête affirment ne pas être informés de la procédure engagée par l’APC pour réaliser ce projet de délocalisation. «Nous sommes les propriétaires légaux de ces terrains qui ont fait l’objet d’étude d’implantation de projets de construction à notre insu. Nous tenons à vous informer que nous ne sommes destinataires d’aucun document nous informant sur ce qui se passe et que nous avons fait l’objet de plusieurs expropriations dans le passé et sans indemnisation».
Enfin, les propriétaires et le comité de village demandent au premier magistrat de la commune de surseoir à cette décision et l’avertissent quant aux éventuelles «conséquences néfastes et dangereuses de ce déni de justice» ; comme ils font le serment d’«user de tous les moyens légaux» pour défendre leurs propriétés.
Amar Naït Messaoud