“J’ai eu eu la chance d’être entouré et adopté par les grands piliers de la chanson kabyle”

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D’abord en quelques mots qui est Wahab ?

J’ai commencé mon parcours presque au primaire, j’étais à la chorale de 1982 à 1984. En 1984 j’ai eu l’opportunité de participer au Festival national de la chanson engagée à Béjaïa, j’ai eu le troisième prix. Après, j’ai rejoint les scouts comme animateur. A la fin des années 80, j’ai fréquenté la Maison de jeunes de Seddouk, j’ai créé ma troupe de théâtre, là, j’ai découvert une autre facette de wahab.

Votre premier album a eu un écho très favorable en France surtout au milieu de la communauté algérienne ?

J’ai quitté l’Algérie en 2002 pendant les événements de Kabylie comme beaucoup de gens, j’avais dans ma valise mon instrument musical Abendayer (le bendir). Vite, je me suis créé mon entourage artistique. D’ailleurs, j’ai eu la chance d’avoir dans mon entourage certains des grands piliers de la chanson kabyle comme Aït Menguellet, Kamel Hammadi, Cherif Kheddam, Malika Domrane, Karima et d’autres. Certains d’entre eux sont des amis intimes même.

Ils vous ont apporté de l’aide ?

Des encouragements surtout, c’est ce qui est important. En fait, dans cet album je ne vais pas dire que j’ai apporté quelque chose de nouveau mais quand même, j’ai donné une autre âme, une nouvelle vie à un patrimoine qu’on a presque oublié. L’album, je l’ai produit en 2005, en France, les enregistrements se sont déroulés ici mais la production c’était en France, malheureusement il n’est pas sorti en Algérie. Et c’est vrai, qu’il a eu un accueil très chaleureux en France.

Mais quel est le secret de cette réussite et de cette adoption rapide par le public ?

C’est la passion, la persévérance et la volonté de faire quelque chose de beau et d’authentique à la fois. Aussi, j’ai la chance d’avoir des capacités vocales et de maîtriser ses techniques et cela a joué à ma faveur.

Vos apparitions sont nombreuses dans les médias communautaires en France que ce soit sur les chaines télé ou radio, à quel point ces médias peuvent servir la carrière d’un artiste ?

Vous pouvez dire que le nom d’un artiste représente 50% des chances de sa réussite, les 50% qui restent c’est le rôle des médias. Toutefois, il manque de vrais producteurs c’est pour ça qu’on cherche toujours un manager, un producteur, un tourneur mais là-bas en France, on n’a pas une chaine de distribution, on a pas de producteurs valables. Par exemple, les spectacles, les tournées c’est moi qui les décroche.

La majorité des chansons de votre premier album sont des chansons du terroir ?

Au départ, j’ai repris des airs anciens, mais j’ai mes créations ; les poèmes sont de ma propre composition mais à part la dernière chanson : El henni, c’est un produit brut je n’ai rien changé et je n’ai rien ajouté à part la voix et de la percussion.

Et pour les autres chansons ?

J’ai repris de airs anciens, j’ai repris Nna Cherifa, j’ai refait les paroles, mais j’ai toujours cité les références, je n’ai pas approprié quelque chose qui ne m’appartient pas.

Dans la chanson Oualagh Izem le refrain est à Kamal Hammadi alors je lui ai demandé l’autorisation.

On peut parler d’une conscience artistique ?

Oui, en quelque sorte, je me mets à leur place aussi, pour moi c’est un manque de respect de ne pas leur demander une permission quand on reprend un refrain, un texte, une musique pis encore, une chanson complète.

Vous avez traité plusieurs thèmes dans vos chansons mais il y a un sujet qui vous a marqué le plus

C’est l’exil, la première chanson d’ailleurs que j’ai composé était Chedhegh wi-aâzizen athzregh, je suis pas exilé mais bon là, j’ai chanté l’exil à ma façon, parce que ce n’est pas facile de rester loin des siens, rester sans voir la famille, les amis c’est la pire des choses qui peut arriver à quelqu’un. C’est le cas malheureusement des milliers de nos jeunes qui vivent clandestinement ailleurs, loin de leurs familles.

On vous a vu plusieurs fois sur les plateaux de télévision en présence des membres de votre famille. Nous voyons que non seulement, elle a accepté le fait que vous soyez chanteur mais elle vous apporte un soutien aussi non ?

Tout à fait, en fait ce n’était pas une surprise pour ma famille, du plus petit au plus grand d’ailleurs, chez moi, tout le monde chante, et c’est la fiesta, mon grand-père jouait de la flûte, ma mère joue le bendir et chante aussi en famille, mes frères c’est la même chose donc ce n’était pas une surprise pour eux.

Pour les perspectives, il y a un nouvel album qui se prépare ?

Ça fait trois ans que je prépare un album, parlant de quantité, j’ai deux produits qui attendent, mais il me manque juste un bon éditeur.

Nous pouvons attendre une sortie simultanée du prochain album ici et en France ?

Cette fois-ci je me base beaucoup plus sur l’Algérie. Parce que là bas, je ferais plus de spectacles, de concerts et beaucoup de projets en perspective.

En Algérie, il y a des projets, invitations pour galas, festivals ?

Franchement, moi je n’attends que ça, pour l’instant je n’ai aucune proposition mais à part ce que, je vais faire là-bas en France outre les tournées je me prépare pour le mois d’octobre, pour le salon oriental du mariage, je prépare un spectacle complet en fait, je vais recréer l’ambiance d’un mariage berbère…

Justement vous confectionnez vous-même vos tenues et costumes ?

Oui je vais essayer de récréer l’ambiance d’un mariage berbère avec toutes les spécifités de chaque région, kabyle, chaoui, targui, etc. Je confectionne moi-même toutes les tenues.

Wahab porte à chaque fois une nouvelle tenue avec des retouches berbères traditionnelles ?

Oui, c’est ce qui fait un peu ma différence par rapport aux autres, déjà je ne peux pas monter sur scène sans mon instrument le bendir et aussi pour chaque nouveau spectacle, je crée une nouvelle tenue avec des traits traditionnels.

Un dernier mot Wahab pour vos fans et les lecteurs

Pour mes fans, je les remercie pour tout ce qu’ils font pour moi et sans leurs encouragements, j’aurais arrêté il y a longtemps, pour la Dépêche de Kabylie, je vous remercie pour cette chance que vous m’avez accordé afin de rester en contact avec le public. Votre journal est un trait d’union et aussi une fenêtre à travers laquelle on peut voir toute la Kabylie.

M. C. Aït Meziane

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