Avec les librairies de Tizi Ouzou

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Le livre en général est-il en mal de vente au point de pousser chaque année des libraires à mettre la clé sous le paillasson ou à changer d’activité. La dernière librairie à baisser rideau est celle de Ouali, située au Boulevard Abane Ramdane. Pourtant, il s’agit de l’une des plus anciennes librairies de la région. Aujourd’hui, dans ce petit local, on ne vend plus du Gide et du Garcia Marquez mais des frites omelettes et des hamburgers. Dommage, mais les frères Ouali en décidant de changer d’activité sans aucune gaieté de cœur et après une très longue hésitation, avaient leurs raisons. Le livre ne marche pas. “Nous sommes passés par des périodes où nous écoulions plus de 100 livres par jour du même auteur. Cette époque est révolue. Maintenant nous restons des semaines sans vendre aucun”, nous a confié l’un des trois frères Ouali quelques jours avant la transformation du local en une Pizzeria-Fast food.Comme Ouali, plusieurs autres librairies de la ville des Genêts n’ont pas eu d’autres choix, que de baisser rideau. L’une d’elle, située en face du siège de “La Dépêche de Kabylie” a fermé pour les même raisons. C’est la librairie Bouzar, aujourd’hui, on y vend des articles pour femmes. Un peu plus loin, à côté de l’agence de la banque nationale d’Algérie, il y a une bijouterie. Cette dernière était aussi une librairie. Aujourd’hui, il ne reste plus à Tizi qu’une poignée de libraires qui osent encore garder pignon sur rue. C’est le cas par exemple de la librairie Aït Mouloud, qui, non seulement persiste à exercer le métier du livre, mais étoffe ses activités. Récemment, l’établissement Aït Mouloud, à ouvert une spacieuse librairie à l’intérieur du centre commercial “La paix”. Cette dernière a d’ailleurs abrité sa première séance de vente-dédicace en invitant le chercheur Abdenour Abdesselam à signer son nouvel ouvrage “Cheïkh Mohand U L’hocine, l’Amusnaw”. Celle-ci a eu un succès retentissant, puisque plusieurs personnalités du monde de la culture ont tenu à y prendre part. L’établissement a ouvert également un espace livres près du CEM Sud (à la Nouvelle-Ville) où toutes les librairies du centre s’approvisionnent. Ahcène Aït Mouloud, l’un des gérants de l’établissement, explique cet attachement au livre par le fait que depuis 1982, date de l’ouverture de la première librairie Aït Mouloud, ils n’ont jamais changé d’activité. “J’ai acquis l’amour du livre à l’époque où j’étudiais chez les pères blancs. Ces derniers nous ont inculqués l’amour de la culture. Chez les pères blancs, j’ai pu lire tous les livres de Mouloud Feraoun et de Mouloud Mammeri”, nous confie Ahcène Mouloud. Ce dernier nous dit que lui et ses frères comptent bien rester dans le même domaine, même si, il est vrai que parfois le commerce du livre traverse de sérieuse signes de turbulence. La librairie Cheïkh et la plus ancienne à Tizi Ouzou. Elle est gérée par Omar Cheïkh qui a, lui aussi, le livre dans le veines. Pour preuve, actuellement, il est en train de réaménager tous les espaces de sa grande librairie (sise à la Grande Rue). A la rentrée, quand elle sera réouverture, la librairie se présentera avec un nouveau look. Cheïkh Omar a réussi à initier quelques jeunes au métier de libraire, à l’image d’Arezki. Ce dernier nous dit qu’il aime bien ce travail. Sans être un bibliophile, il peut vous dire sans se tromper les livres qui marchent bien. Il lui suffit de connaître le nom de l’auteur, voire même la couverture du livre pour vous le dire. C’est dû à l’expérience, nous dit-il, tout en avouant que le livre marche moins qu’avant. Arezki nous dit qu’en été ce sont plutôt les émigrés qui achètent les livres. “Le livre est moins cher ici qu’en France. En plus les kabyles vivant en Europe s’intéressent, en rentrant pour des vacances, à tout ce qui est ouvrage relatif à la Kabylie et à l’Algérie”, ajoute Arezki.Ali, gérant de la librairie “Génération du livre”, est l’un des plus anciens à Tizi Ouzou. Avant cette librairie, située à la rue de la paix (en face du café de l’ASTO), appartenant à la société nationale de l’édition (Sned). Comme toutes les autres, librairies de la défunte Sned, celle-ci a été rachetée par ses travailleurs qui, grâce à toute l’expérience acquise des décennies durant, la gérant actuellement de façon admirable au point de devenir aujourd’hui, l’une des meilleures de Kabylie. Ali, son gérant nous livre le secret de la réussite : “Il faut travailler beaucoup et il faut aussi être sérieux”. Toujours dans le cadre de l’ex-Sned, une autre librairie sise à de l’Artisanat se débat dans de sérieux problèmes de litige avec la direction de la maison d’Artisanat. Ce litige empêche les actionnaires, pourtant dynamiques, de développer les activités de l’établissement. Mais malgré cela, la librairie de l’Artisanat après une fermeture qui a duré plusieurs années a réussi son redémarrage, et actuellement, des centaines de lecteurs la fréquentent quotidiennement.

Aomar Mohellebi

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