La Kabylie a vécu, avant-hier, une ambiance de carnaval à l’occasion de la victoire de l’équipe nationale de football face à l’Egypte. Une victoire historique pour les Verts qui ont réussi à mettre trois buts aux sextuples champions d’Afrique dans un match considéré à juste titre, comme la plus grande affiche des éliminatoires du Mondial et de la CAN 2010 et qui a volé la vedette aux autres confrontations de cette seconde journée de la zone Afrique.
Au coup de sifflet final de l’arbitre sud-africain Daniel Bennett, les supporters des Verts à travers les quatre coins de la Kabylie, malgré l’heure tardive, ont tenu à quitter leurs domiciles pour fêter l’événement dans une ambiance indescriptible. Aux cris des » one, two, three…viva l’Algérie » et » on a gagné « , les supporters ont célébré la victoire des Verts jusqu’au petit matin, oubliant, pour un moment, leur souci et leur stress quotidien. Il aura donc fallu attendre ce big match pour que les soirées tizi-ouzéennes reprennent avec une effervescence qui nous a rappelés les grands jours de la JSK.
20h, Tizi ville morte
Les différentes artères de la ville des Genêts mais surtout les localités les plus reculées du chef-lieu de wilaya ont vibré au rythme de cette rencontre. Ces dernières se sont vues arrachées du calme qui caractérisait les soirées pour se plonger dans l’ambiance de la rencontre avec une grande passion. L’on remarquera, à l’occasion, que plusieurs groupes de jeunes ont fait le choix de suivre le match sur des écrans géants.
C’est le cas de le dire à Boukhalfa, Tadmaït et à travers les quartiers de la ville tels que les Bâtiments bleus, les Genêts, la Nouvelle-Ville. Un quadragénaire fera remarquer : » Il n’y a que le football qui peut produire autant de joie pour ces jeunes qui en ont grandement besoin. C’est la magie de la balle ronde « . La rencontre des Fennecs avec les Egyptiens aura donc permis à des milliers de jeunes Kabyles, de se réconcilier avec leur équipe nationale qui a retrouvé, du coup, ses fidèles qui ont désespéré de leur équipe des années durant où elle touchait le fond au point de rater la qualification aux deux dernières phases finales de la CAN. Dimanche après-midi, Tizi se libérait, peu à peu, du bruit routinier de ses jours. Les gens semblaient presser le pas pour être au rendez-vous. Il ne fallait, pour aucun prétexte, rater cet événement historique qui a tenu en haleine toute un peuple. À l’approche de l’heure » fatidique », les rues de la capitale du Djurdjura se vidaient graduellement. 20 heures tapantes, Tizi ressemblait plus à une ville fontôme. Seuls, les cafés populaires étaient restés ouverts. Et pour cause, ils allaient servir de lieu de rassemblement des inconditionnels des Verts qui ont la tradition de suivre les rencontres footballistiques en groupe sur le petit écran.
Une demi-heure avant le coup d’envoi du match, malheur à celui qui se retrouverait dans le besoin d’un moyen de transport pour rejoindre son domicile. Les différentes stations étaient affreusement désertes. Seules, quelques clandestins, profitant de l’aubaine, proposaient leurs services au prix fort.
22h30 : l’explosion de joie
Tout le monde a tenu à ce qu’il soit devant l’écran avant l’heure fatidique, histoire de ne pas rater la moindre minute de ce rendez-vous tant attendu. Malheureusement, pour les supporters, la retransmission a été quelque peu retardée par les spots publicitaires qui ont défilé sur les écrans des trois chaînes TV.
Les plus chanceux, parmi les fans, ont eu le réflexe de se brancher sur la nouvelle chaîne (la 4). Ceux-ci n’ont pas déchanté puisque celle-ci a assuré le direct, bien avant le début du match, permettant ainsi aux inconditionnels de suivre les moments forts de l’avant-match. On découvre du coup, peu à peu, l’ambiance régnante à Blida. Aussi la composante de l’équipe, Algérie qui allait donner la réplique aux Pharaons a été découverte. Aucune surprise… sauf peut-être, la convocation de Chaouchi appelé, à l’occasion, à suppléer l’indétrônable Gaouaoui. Une convocation qui a fait grandement plaisir, bien entendu, aux inconditionnels des Canaris, même s’il n’est pas encore sûr, que l’enfant de Bordj Ménail sera encore kabyle la saison prochaine. L’autre point qui a fait plaisir aux téléspectateurs, c’est le fait que l’hymne national de l’Egypte n’a pas été sifflé.
Qu’à cela ne tienne, le onze entrant du cheikh a été soutenu de bout en bout par les Tizi Ouzéens qui seront, d’ailleurs gagnés par le stress dès le coup d’envoi de la rencontre. Il a régné un silence de mort dans la cité dès l’entame du match. La crainte des uns et des autres gagne de plus en plus le terrain d’autant que, durant le premier half du match, ce sont les camarades d’Abou Trika qui étaient plus entreprenants.
En effet, les Verts n’ont que rarement réussi à se transcender, à l’image de Ziani, qui semblait un petit peu perdu sur le flan droit. Les quelques coups d’éclats réalisés de temps à autre par l’excellent Bouguerra, » le Magic « , n’ont pas suffi pour rassurer les fans qui se tenaient le ventre jusqu’à la fin de la première mi-temps. La pause qui a permis à Saâdane de donner quelques consignes à ses poulains s’est fait sentir aussi pour les nerfs des supporters, mis à rude épreuve, durant les 45 premières minutes de cette rencontre. La libération viendra, au début de la seconde période, avec l’ouverture du score signée Matmour. Un but qui fait déchaîner les gorges à Tizi… Puis vint le second but puis un troisième. La victoire des Verts a pris forme. On a dû toutefois attendre le coup de sifflet final du referee pour laisser donner libre cours à sa joie. Tizi a en effet explosé de bonheur à la fin de cette rencontre et la fiesta aux couleurs nationales s’est poursuivie jusqu’à tard dans la nuit. Tizi n’a pas dormi.
B. T. O.