Dès sept heures, les maçons, les manœuvres et autres travailleurs de chantier mettent leur vie en danger. Agglutinés sur les bords de la benne du camion ou de la camionnette, ils risquent d’en être éjectés autant de fois qu’il y a de virages, les séparant du lieu de travail. Roulant, tambour battant, pour arriver à temps au chantier, ces véhicules, destinés au transport de marchandise, servent aussi, les besoins de l’activité obligent, au déplacement du personnel. Sont-ils conformes et assurés pour autant ? Peu de patrons vous répondront par l’affirmative. Tant que les accidents ne se produisent pas, tout le monde y trouve son compte. L’insécurité ne s’arrête pas à la descente du véhicule de transport. Elle ne fait que commencer et durera toute la journée. “Que Dieu vous protège, mes enfants” ne cesse de répéter une vieille femme à l’adresse des ouvriers d’un chantier qu’elle regardait, en passant. Elle sait que la moindre seconde d’inattention, le plus anodin des faux gestes peuvent être fatals. Ces jeunes, à la mine joviale, qui travaillent dans une ambiance bon enfant, ne semblent guère conscients du danger qui les guette, à chaque instant. Sans casque ni chaussures de sécurité, ils bravent toute sorte de danger. Ceux que nous avons observés, travaillant sur des hauteurs, dépassant les vingt mètres, ne sont protégés ni par des filets ni par des barrières qui les empêcheraient de basculer dans le vide. Emportés par leur fougue, ils rivalisent d’acrobaties, sous l’œil amusé de leurs camarades et du chef. Pourtant, personne n’est à l’abri du vertige, ne serait-ce que l’espace d’une seconde. Un laps de temps largement suffisant pour perdre l’équilibre et, par voie de conséquence, la vie. Des pratiques courantes qui ne surprennent plus personne. On est plutôt surpris de voir un ouvrier porter un casque ou des chaussures de sécurité. La tenue reviendrait, paraît-il cher, au “maalem”.
Pas autant qu’une vie, tout de même. Ces jeunes en danger et sous-payés de surcroît, sont-ils tous déclarés à la sécurité sociale ? De nombreuses anomalies et questions demeurent en suspens. Les réponses ne doivent être apportées que par ceux qui sont chargés de veiller à ce que tous se conforment aux lois.
A. O. T.