Le centre-ville a été envahi par une immense foule de jeunes et de moins jeunes exprimant leur joie et brandissant fièrement l’emblème national. Au-delà de l’aspect sportif, cette victoire, encore plus que celle face aux Egyptiens, a démontré qu’ une bande de onze jeunes joueurs a redonné espoir à toute une jeunesse en désarroi.
Les responsables politiques doivent justement méditer cette folle ambiance. La reconquête d’un peuple, d’une jeunesse en mal de confiance envers les tenants du pouvoir politique, peut ressurgir à la faveur d’une prise en charge effective du secteur, le football en particulier. Comme nous l’avons souligné à l’occasion de la victoire des Verts face aux Pharaons, la majorité des localités de la wilaya de Tizi-Ouzou a connu des scènes de liesse indescriptibles. Les Ouadhias, Fréha, Redjaouna, Tizi Rached, Draâ Ben Khedda, Tigzirt, Draâ El Mizan ont tous jubilé après la fin de la rencontre. D’incessants cortèges de véhicules, ornés des couleurs nationales, ont sillonné les différentes artères de la wilaya. Le rond-point du centre-ville grouillait de monde, des jeunes qui ont entonné les chants à la gloire des Fennecs. Même les familles se sont, spontanément, mêlées à l’ambiance festive, des youyous fusaient des balcons ; les plus vieux se rappellent les bons souvenirs de l’Indépendance. Ces scènes de liesse portent, dans le contexte de la Kabylie, une symbolique extraordinaire, en ce sens que la génération actuelle est composée des jeunes émeutiers de 2001. Des jeunes qui ont, à un moment donné, perdu espoir, jubilent et exhibent fièrement l’emblème national. Il a suffi donc d’une victoire pour que justement, cet espoir renaisse en attendant d’autres succès à même de permettre à cette génération d’en finir avec le complexe de la défaite et les méfaits d’une crise sociale aiguë. Cela passe, bien évidemment, par un sursaut sur les plans, économique et politique entre autres…
Omar Zeghni
