Les mosquées de Kabylie font ces derniers mois, l’objet d’une inquiétante réapparition des fondamentalistes. Ces lieux de culte sont ceux situés dans les petites villes et les villages de la wilaya de Tizi Ouzou. Les islamistes usent des méthodes parfois musclées entre les fidèles hostiles à leurs discours qu’il prêchent à l’extérieur des salles de prière.Ce phénomène prend de l’ampleur d’une façon vertigineuse à telle enseigne que les fidèles qui fréquentent ces “maisons de Dieu” tirent la sonnette d’alarme. Plusieurs incidents ont été évités de justesse au sein des mosquées où le recours, à l’idéologie fondamentaliste se fait au grand jour.Ce sont pour la plupart des jeunes dont l’âge varie entre vingt et trente-cinq ans qui se sont reconvertis en prieurs. C’est ce que nous ont signalé les fidèles qui ont subi des intimidations et se sont vus, parfois, interdits d’accéder à ces mosquées.Dans certains lieux de cultes, les imams nommés par la direction des affaires religieuses, ont été malmenés et stoppés dans leurs prêches, signale-t-on.Le retour à l’époque où les mouvances islamistes ont tissé leur toile au sein de la société algérienne est d’autant plus perceptible dans la méthode et les moyens utilisés pour enrôler le maximum d’adeptes à leur secte. Ces méthodes et moyens sont identiques à ceux pratiqués par leurs prédécesseurs des années 80.Les recruteurs n’hésitent pas à s’introduire au sein des groupes de jeunes dans les quartiers et cités et prêcher la bonne parole. L’incitation à la prière revient tel un leitmotiv dans leur discours.La semaine dernière, se sont les citoyens des localités de Boghni et celle de Fréha qui nous ont fait part de leur inquiétude face à ce phénomène.Dans la première localité citée, les jeunes en qamis et à la barbe touffue se sont pris contre l’imam lors de son prêche “légale”. Les fanatiques l’ont traité de menteur et le prêche de “bidââ”. A Fréha, des vieux ont été maintes fois malmenés et sommés de ne plus prier à la mosquée par les “nouveaux prieurs”. L’édifice de culte, nouvellement érigé dans cette ville, risque, selon les dires des victimes de ce groupe, de tomber entre les mains des barbus.Alors que d’aucuns craignent le retour aux années ayant précédé la montée politique des islamistes, en Algérie, d’autres voient en ce phénomène l’émergence d’un courant religieux censé enrôler des jeunes à l’islam et contrecarrer ainsi la montée du courant évangélique en Kabylie.Si cette dernière thèse se confirme, précisent les observateurs, le risque d’affrontement entre les deux religions, en Kabylie n’est pas à écarter. Ils donnent pour exemple l’acharnement des islamistes contre les jeunes des localités sud de la wilaya, à Boghni plus précisément, qui fréquentent les églises.La situation est devenue plus angoissante pour la populations des localités touchées par ces événements au point où certains fidèles préfèrent prier chez eux. La passivité de l’Etat, censé contrôler ces lieux, est perçue par beaucoup comme étant une complicité pour en finir avec les évangéliques. Ces derniers d’ailleurs font couler beaucoup d’encre.Les leaders des mouvements islamistes ont mené à ce sujet des campagnes virulentes à l’encontre de la Kabylie qu’ils ont traité de terre de “taghout”.Il faut dire qu’au rythme où vont les événements, le pire est à craindre sérieusement.
Khaled Zahem