Pas de sujets qui fâchent !

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Hasard du calendrier qui ajoute à cette impression de vacuité, voire de vanité, le colloque et sa thématique lointaine surviennent le jour même du onzième anniversaire de l’assassinat de Matoub Lounès sur lequel on ne pipera mot.

Des massacres du 08 mai 1945 au conflit israélo-palestinien en passant par les essais nucléaires français de Reggane, autant de thèmes inscrits au programme de la première journée d’un colloque international sur les crimes de guerres, ouvert hier matin, à la Maison de la culture Taos-Amrouche de Béjaia. Organisé à l’initiative du barreau de Sétif, le colloque a été solennellement ouvert par un représentant du ministre de la Justice, le wali et le P/APW de Béjaia. Ce dernier en a d’ailleurs profité pour mettre en avant la question des disparus dans un moment qui marque une tentative de recentrage du thème sur la situation nationale. Car ce colloque pèche, de l’avis général, par un certain manque d’articulation sur le vécu dramatique du peuple algérien marqué par la déferlante terroriste de ces vingt dernières années. D’autant que les crimes commis par des entités non étatiques peuvent être valablement appréhendés dans le cadre du thème générique du colloque n’était-ce l’effet « amnistie générale » qui semble inhiber pareilles velléités. Hasard du calendrier qui ajoute à cette impression de vacuité, voire de vanité, le colloque et sa thématique lointaine surviennent le jour même du onzième anniversaire de l’assassinat de Matoub Lounès sur lequel on ne pipera mot. En fait, ni la toujours sombre affaire de l’assassinat du Rebelle ni les sanglants évènements de Kabylie et leur cortège de morts n’auront droit de cité.  » Notre vœu est de consacrer un colloque spécifique au Printemps noir plutôt que d’en faire un simple point d’un programme général « , répondait, sans trop convaincre un des membres du comité d’organisation lors d’une conférence de presse organisée samedi. La posture détestable de l’intellectuel algérien, démissionnaire devant les défis nationaux et militant de causes lointaines moins risquées, est encore une fois à l’œuvre. L’impression que les sujets qui fâchent sont évacués demeure, y compris pour ce qui est de la relation franco-algérienne, objet de polémiques spasmodiques. Intervenant en ouverture, un représentant du ministre de la Justice n’aura pas soufflé mot de la question de la repentance réclamée épisodiquement à l’ancienne puissance coloniale. Un silence sans doute éloquent qui prolonge la tiédeur imputée aux propos du président de l’APN en visite récemment à Paris. Face au niet catégorique de la France, c’est vraisemblablement vers une démarche de compensation financière qu’on se dirige sur l’exemple de ce qui a été consenti par l’Italie à la Libye. Pour revenir aux travaux du colloque, il convient de noter que ceux-ci seront marqués, aujourd’hui, deuxième journée, par des interventions très attendues de fonctionnaires de la Cour pénal internationale. Il sera question de l’organisation ainsi que procédures de poursuite, de délibération et d’exécution des jugements en vigueur à la CPI.

M. Bessa

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