Omar N Alamine expose à la Place Gueydon

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En ce moment, il expose des bijoux et des objets artisanaux touaregs à la Place Gueydon de Bgayet pour un mois, et ce depuis le 4 juillet dernier. Lui, c’est Omar N. Alamine (son vrai prénom est Nadir) et il s’exprime parfaitement en kabyle à se méprendre sur ses origines. Cette exposition à la Place Gueydon de la capitale des Hammadites ne se limite pas à ce que l’on a l’habitude de voir à s’en lasser. En fait, Omar veut surtout faire connaître la culture touarègue à ses frères kabyles tout en s’occupant de sa vocation, la promotion de l’artisanat targui. La culture touarègue est-elle si méconnue que cela ? A en croire Omar de Tamanrasset, il semble bien qu’effectivement, nous avons beaucoup de choses à apprendre sur nos frères berbères du Sahara : à commencer par la fameuse croix du sud que l’on a tendance à prendre, à tort d’ailleurs, pour un symbole du christianisme. A cet effet, Omar N. Alamine nous affirme : “La croix du sud existait bien avant Jésus-Christ, et donc de l’avènement du christianisme. Elle n’a rien d’un symbole chrétien ni musulman ou d’une autre religion”. Il nous étonnera ensuite lorsqu’il nous apprendra qu’en fait il existe 21 sortes de croix du sud, pas moins, et que chacune a son sens et son histoire. Pour cela, il faut vraiment s’y connaître pour les distinguer les unes des autres. D’ailleurs, en lui montrant un de ces bijoux, il dira sans hésiter que ce “modèle” est un symbole de… paix chez les Touaregs. Il ira même jusqu’à nous raconter son origine et son histoire : “Jadis, de nombreuses tribus touarègues se faisaient la guerre. Il arriva un jour qu’un chef d’une des deux tribus en guerre fut une femme. Tout le monde le sait et ce n’est un secret pour personne, dans la tradition targuie, la femme est très respectée. C’est ainsi que le chef de l’autre tribu, un homme, lui envoya cette croix du sud en guise de respect, mais aussi pour faire la paix entre les deux tribus. Ce chef touareg aurait déclaré à son adversaire femme que les tribus berbères du sud devraient cesser de se faire la guerre puisqu’elles sont toutes Touarègues…” Des histoires de ce genre entre légendes et réalités, tout en sachant que toute légende a un fondement véridique, Omar N. Alamine de Tamanrasset vous en racontera sans se lasser puisqu’il est à la Place Gueydon pour cela. Il suffit de l’interroger pour qu’il satisfasse votre curiosité. Après tout, pour connaître toutes les histoires, culture et traditions, il faut s’adresser directement aux concernés.

A cet effet, Omar nous dira avec amertume : “L’éloignement les uns des autres a fait que les Berbères ne se connaissent pas bien entre eux.” Il est vrai que voyager de Bgayet à Tamanrasset n’est pas à la portée de tout le monde et inversement. C’est pour cela que le Festival local des arts et cultures populaires institué par le ministère de la Culture depuis l’année passée, qui consiste en des échanges avec des semaines culturelles, est une louable initiative.

Concernant Tamanrasset, la semaine culturelle à Tizi-Ouzou vient tout juste de s’achever et elle est prévue à Bgayet dans deux semaines. L’année passée, la Kabylie avait reçu, avant de s’y rendre à Illizi. En attendant la semaine culturelle de Tamanrasset à Bgayet, Omar N. Alamine, artisan touareg installé en Kabylie dans la région des Ath-Ouacif, se trouve actuellement à la Place Gueydon pour un mois. En ce qui le concerne, il est spécialisé dans les bijoux : on retrouve chez lui des croix du sud, la khamsa berbère, des poignards touaregs et bien d’autres choses à l’instar de cette sorte de tour typiquement targuie, faite pour la décoration, conçue comme un être humain. Omar, nous dira qu’on l’appelle en tamahaght, le parler touareg d’Algérie, Ilagh. Nous reviendrons avec beaucoup de bonnes choses sur nos frères touaregs.

Amastan S.

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