Requiem pour un vigile

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Et pour mieux faire éprouver aux participants la présence de l’âme de l’homme des lettres, qui a plané sur eux tout au long du colloque, les organisateurs de la rencontre ont programmé pour la journée du vendredi, 3e jour, un pèlerinage à Oulkhou près d’Azzefoun, village natal de Tahar Djaout.

Quatre jours plus tôt, le 4 juillet, le jour de la réouverture du théâtre après sa rénovation et le jour de son baptême du nom de Abdelmalek Bouguermouh, a été jouée sur la scène de ce théâtre, scène où Tahar Djaout aimait déclamer ses poèmes, la pièce de théâtre Les Vigiles adaptée et mise en scène par le directeur du TRB Omar Fetmouche, à partir du roman du même nom considéré comme l’œuvre majeure de l’auteur.

Selon Mohamed Yefsah de l’université de Lyon, premier conférencier à intervenir dans ce colloque, parmi les nombreuses œuvres de l’auteur, Les Vigiles est le roman qui symbolise le mieux l’engagement de l’écrivain contre les blocages des pouvoirs publics conçus pour tuer dans l’œuf toute idée nouvelle ou non conforme à leur modèle de pensée et toute velléité d’émergence intellectuelle ou autre.

Même si le public déplore déjà la défection de certains intervenants prévus au programme, comme Merino Leonor Garcia de l’université autonome de Madrid qui s’est contenté de faxer le texte de sa conférence sur «Tahar Djaout, sa liberté, son imaginaire, le socle de la littérature», de nombreux autre émminents spécialistes de la littérature algérienne et maghrébine d’expression française venus d’Alger notamment éclaireront le public sur toutes les facettes de ses combats pour l’identité amazighe, la liberté totale d’expression et contre les idées rétrogrades, l’intégrisme et l’obscurantisme.

Né le 11 janvier 1954, c’est après l’obtention d’une licence de mathématiques en 1974, que Tahar Djaout vire, suivant sa vocation, vers la littérature et le journalisme. Ayant commencé à écrire depuis les années 1970, il a publié de nombreux recueils de poèmes et de nouvelles. Mais c’est surtout à travers ses romans L’Exproprié (1981), Les Chercheurs d’os (1984) et Les Vigiles (1991), qu’il s’est fait connaître du grand public.

Les premiers pas dans le journalisme, il les a fait dans le quotidien El Moudjahid en tant que critique littéraire avant de devenir responsable de la rubrique culturelle à l’hebdomadaire Algérie Actualité en 1993. Il fonde avec quelques amis l’hebdomadaire Ruptures dont il a fait paraître 20 numéros avant qu’il ne soit ravi aux siens à l’âge de 39 ans.

C’est en effet, le 26 mai 1993 qu’il a été victime d’un attentat terroriste. Après 8 jours d’un profond coma, il meurt le 2 juin dans un hôpital à Alger. Il est inhumé à Oulkhou, son village natal.

B. Mouhoub

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