Association improductive

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(3e partie et fin)

Ne pouvant battre le chacal à la course, le hérisson use de malice. La veille de la course, il réunit ses congénères et leur demande de l’aider. Le jour de la course, il les place sur tout le parcours. Le dernier près de l’aire à battre (Annar). Son dispositif placé, il rejoint le chacal au point de départ. Le signal de départ donné les deux concurrents se lancent sur le sentier tortueux, qui mène vers le haut de la colline. Le chacal bondit comme un ressort et s’éloigne à la vitesse de l’éclair. Ayant dépassé le hérisson, le chacal se retourne un instant pour se moquer de lui. Il ne le voit pas. Il se met à ricaner, et se dit à lui-même, que la partie est gagnée. Il court, il court, mais de temps en temps, il trouve le hérisson devant lui, il est étonné. Il le dépasse et lui lance un regard de mépris. Essoufflé, il arrive en vue de “Annar”. La victoire est assurée, il se retourne une dernière fois, pour voir son adversaire, c’est à ce moment que le dernier hérisson sort de sa cachette et s’élance devant lui pour s’accaparer des fèves entassées. Il tente de le rattraper, mais en vain. La course est finie, le hérisson a gagné. Les témoins sont là, pour l’affirmer.Quand le chacal cède la récolte à l’hérisson. Rancunier il veut prendre sa revanche. Il le revoit le jour suivant et lui dit pour se moquer de lui.Il est temps pour nous de partager équitablement le pot de miel que nous avons trouvé. Allons à l’endroit où il est caché, nous allons nous régaler. Sur les lieux, le chacal le déterre. Une fois dégagé, il ouvre le bouchon de liège et feint l’étonnement et s’écrit : “Il est vide, c’est toi qui as mangé le miel, espèce de voleur !-Si quelqu’un l’a mangé, ça ne peut être que toi. C’est maintenant que je comprends tes virées soudaines pour aller prénommer des nouveaux-nés”.En fait de nouveaux-nés, c’était le miel que tu allais laper. Tu es un traître et un voleur, chacal de malheur !Le chacal et le hérisson s’accusent mutuellement du forfait. Sur le point de s’étriper, ils décident d’un commun accord de cesser les hostilités et de se rendre une nouvelle fois chez “Amghar Azemni” (le vieux sage).En présence du vénérable vieillard, ils lui racontent leur histoire. Après les avoir entendus Amghar Azemni leur dit : “Je ne peux trancher dans le conflit qui vous oppose sans preuves. Pour donner tort ou raison à qui que ce soit, vous allez ce soir au coucher, mettre sous vos couches une terrine vide (Thaqedouh’th). Au réveil, la terrine de celui qui a mangé le miel, sera enduite de nectar. Ce sera là, la preuve irréfutable qu’il est coupable.Ils suivent à la lettre les recommandations de Amghar Azemni.Cette nuit-là, le chacal ne dort que d’un œil. Il surveille les terrines. La sienne se recouvre d’une fine couche de miel, tandis que celle du hérisson reste intacte. Il intervertit les terrines et réveille le hérisson, et lui dit : “Ta terrine est enduite de miel c’est la preuve formelle que c’est toi qui l’as mangé !- Tu es voleur, roublard et menteur, tu sais bien que je suis innocent, et tu m’accuses à tort !”Bien que coupable, le chacal continue à accuser le hérisson. Pour en finir avec lui, il lui saute dessus pour le mettre en charpie. Pour échapper au carnassier, le hérisson se met en boule, les piquants hérissés. Le chacal fonce dessus pour le croquer, mal lui prend. Il se blesse les pattes et le museau. Recouvert de sang, ne parvenant pas à le tuer, il quitte les lieux.Penaud, la queue entre les pattes, il s’en va vers d’autres cieux.La leçon, lui a servi, depuis ce jour, il ne s’est jamais querellé avec le hérisson (inissi = Aqenfoud’), car c’est trop risqué.“(Our kfount ethh’oudjay inou our kefoun ird’en tsemz’in as n-elâid’ anetch ak’soum tsh’emz’ine ama ng’a thiouanz’iz’in)” Mes contes ne se terminent, comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’Aïd, on mangera de la viande et des pâtes jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes”.

Benrejdal Lounès

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