La culture reprend ses droits à Bouira

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La Dépêche de Kabylie : Le panaf vient de baisser rideaux. Comment appréciez-vous cette manifestation panafricaine ?

Omar Reghal : Le Panaf nous a permis de redécouvrir de plus prés la richesse culturelle de notre continent africain. Les couleurs africaines ne se sont pas focalisées seulement à Alger : elles ont agréablement ‘’éclaboussé ‘’ notre wilaya. Cela a été très bien accueilli par la population de Bouira et a participé d’une manière effective à la découverte de notre dimension africaine. Cela a aussi, et surtout, participé à faire sortir notre wilaya de cet ‘’isolement’’ que nous voulaient les ennemis de la République. Je profite de cette opportunité pour remercier les maires de Bouira qui nous ont aidé à accueillir les troupes africaines à travers quelques communes de la wilaya.

Nous nous rappelons la prestation de Houari Benchenet, il y a près d’une année, à Aïn Bessem. Cette prestation a eu lieu au lendemain de l’attentat ayant ciblé le palais du gouvernement. Que répondriez-vous à ceux qui, alors, avaient mal accueilli cette prestation ?

Nous avions condamné et regretté cet acte abject. Cela étant, condamné ne suffit pas. Et le maintien de la prestation de Benchenat se voulait un acte de résistance, une réponse de la vie à la mort. Le choix de la commune de Aïn Bessem pour accueillir le chanteur est justement dicté par l’option de la République qui consiste à réinventer l’Algérie. Et en parlant de Aïn Bessem, sachez que la ville n’a enregistré d’activité culturelle que depuis peu. Au-delà de tout cela, force est de constater que des milliers de citoyens dont des familles ont été tirés de la torpeur. Pour l’anecdote, lors de la prestation de el hadja Zahouania, en juillet 2007, un repenti a déambulé sur fond de «ya lala ya torkia !». N’est-ce pas que la culture peut basculer en faveur de la République ?

D’aucuns estiment que Bouira s’est réveillée en terme culturel. On vous qualifie même de ‘’bulldozer de la culture’’. Ce réveil est-il le fait du ‘’bulldozer de la culture ?

Il est évident, et le Panaf en est la preuve, que l’Etat a affiché une volonté franche pour donner un essor au secteur de la culture, ceci d’une part. D’autre part, et à l’échelle locale, le wali va dans le sens de cette volonté affichée. Pour preuve, il avait décidé que l’année 2010 soit celle du secteur de la culture et celui de la jeunesse. Quant à votre serviteur, je ne fais que mener à bon port les orientations et autres visions de ma tutelle.

Bouira se présente comme un carrefour qui fait la jonction entre deux dimensions (culturelles) algériennes. Cela est-il un atout à même de voir cette culture aller plus de l’avant ou, bien au contraire, cela représenterait un quelconque frein ?

Il est connu, à travers l’univers, que la variété constitue une force. Nous avons cette chance que notre pays recèle des facettes culturelles multicolores plus belles les unes que les autres. Peut être qu’à Bouira cette heureuse diversité est plus visible qu’ailleurs. Et je suis fier d’être à la tête d’un secteur et dans une ville qui résume mon Algérie. Comment ne pas être fier devant un tableau représentant des idebbalen de M’chedellah donnant la réplique à des gsasba de Sour El Ghozlane ou encore ne pas être aux anges en écoutant par alternance le «yal kabyle» et le «yayay bédouin». En fait, et c’est ma conviction personnelle, c’est cette diversité qui nous rendra encore et encore plus fort.

Des infrastructures culturelles sont réceptionnées d’autres sont en passe de l’être. Parlez-nous-en ?

La première infrastructure et la plus importante en terme ‘’d’omniprésence’’ est la Maison de la culture Ali Zamoum. Nous avons aussi bénéficié de 07 salles de lecture, dans le cadre des Hauts-Plateaux, dont deux ont été réceptionnés. Un théâtre de verdure à ciel ouvert (2 500 places) est retenu à Sour El Ghozlane (en cours de réalisation). Toujours dans le cadre des Hauts-Plateaux, trois bibliohèques sont en cours de réalisation (dirah, Bordj Kh’ris et SEG).

La restauration des sites et autres monuments historiques (la muraille et les portes, le mausolée de Takfarinas, le lac duc de SEG…) est un autre chantier en cours.

Le projet de la construction de l’annexe de la Bibliothèque nationale est arrivé à la phase des jugements des offres. Le Théâtre de Verdure d’une capacité de 3 000 places sera lancé au plus tard au mois de septembre. Et permettez-moi de saisir cette opportunité pour remercier le wali qui nous a octroyé le terrain de l’ex Naftal. Et cela rejoint ce que je vous ai dit tout à l’heure, à savoir que l’avancée culturelle est dans une ligne de mire des pouvoirs publics.

Cela fait maintenant un peu plus de deux ans depuis que vous gérez le secteur de la culture à Bouira. Y avez-vous décelé des potentialités ?

Plutôt de grandes potentialités. Je vous rappelle que des noms d’envergures nationales, voire internationales sont natives de Bouira. Je citerai à titre indicatif, feu Hadj Hachemi Guerrouabi, Kaddour M’hemsadji, le poète Djamal Amrani, Mesaouar Boulenouar (originaire de la région de SEG), cheikh Ennadour (chanteur), Mohamed Bouzid (miniaturiste), cheikh el Mehdi (chanteur), Bachir Derrais, réalisateur (de la région de Lakhdaria), Arezki Larbi, l’artiste-peintre de renommée internationale (Bouira), Saâdaoui Salah (de Ahnif)…et beaucoup d’autres… Une région qui recèle autant de génie ne peut qu’avoir une relève qui assurerait l’activité culturelle dans toute sa splendeur.

Vous concluez ?

Je remercie ceux et celles qui m’ont fait confiance. Je remercie également tous ceux et celles qui m’ont aidé, depuis mon installation. Permettez-moi aussi, pour finir, de rappeler que la culture n’est pas seulement l’affaire des pouvoirs publics : c’est l’affaire de tout un chacun. Et donc, j’invite ce tout un chacun à apporter sa pierre.

Propos recueillis par T.Ould amar

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