“Ce comité qui est sous l’égide de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’homme (LADDH) est installé afin de défendre tous les expulsés par des moyens légaux, de sensibiliser les gens et de dénoncer les procédures douteuses”, a expliqué le porte-parole du comité en question, et victime de l’expulsion, Djamel Bouregâa lors d’une conférence de presse tenue, hier, au siège de LADDH, à Alger.
Effectivement, sept familles habitant dans des logements de fonction appartenant au centre spécialisé de rééducation 1 et 2 de Birkhadem ont fait l’objet d’expulsion sur injonction de la justice en faveur du ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l’étranger.
Un sinistré a fait savoir que les familles, dont l’expulsion a été entamée le 17 juin, pour certains et le 20 juin pour d’autres, ont été maltraitées par les éléments de la police qui ont usé de la violence pour séparer les femmes des hommes, ce qui a causé des blessures à certaines personnes. A signaler que ces familles sont à la rue depuis maintenant plus d’un mois.
Une autre victime habitant ce site depuis 1963, avait reçu un arrêté par les domaines lui attribuant un logement. Ce dernier a été par la suite condamné d’expulsion sur la base de “mensonge” signalant qu’il occupe ce logement depuis deux ans seulement.
“Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l’étranger avait fait un amalgame odieux, déclarant qu’il nous a attribué des logements, ce qui est faux”, a tonné le sinistré.
Le porte-parole du comité a, en outre, signalé que ces expulsions ont influé de manière négative sur les enfants et sur leurs parents. “Ne supportant plus le stress, trois personnes sont décédées suite aux menaces et aux expulsions”, a-t-il ajouté.
Et le scénario continue…
Quatre familles habitant dans des logements de fonction appartenant au centre des personnes âgées situé dans la rue Triboune-Mohamed à Bab Ezzouar, ont vécu le même scénario que celui des victimes de l’expulsion au niveau de Birkhadem.
La loi est bien claire, un logement de fonction sera restitué à l’Etat une fois son occupant est à la retraite. Mais ces familles, faut-il le signaler, ont tenté tant bien que mal d’acheter ces logements qu’elles occupent depuis plus de 40 ans pour certaines, en vain. “Nous sommes à la rue depuis 12 jours, nos affaires sont jetées dehors”, affirme une victime de ce phénomène. “Nos enfants sont traumatisés”, a-t-elle encore déploré.
Ces derniers qui n’ont nulle part où aller se sont abrités sous une tente, à proximité de leur ancienne habitation et à côté d’une autoroute à grande circulation. Pis encore, les autorités leur ont interdit d’installer leur tente devant l’autoroute. “Les autorités nous ont par la suite octroyé un chalet pour 25 personnes, c’est inadmissible”, poursuit encore la sinistrée, tout en affirmant qu’ “actuellement, nous sommes pris en charge par un voisin car le chalet en question est inhabitable”.
Ce qui est plus révoltant pour elle, c’est que le premier responsable de ce secteur n’a pas daigné s’arrêter pour s’enquérir de leur situation lors d’un sit-in tenu devant son département, jusqu’à ce qu’un père de famille jette son enfant sous les roues de sa voiture.
D’autres familles risquent de se retrouver dans la même situation. Ces familles seront expulsées de leurs logements le 27 juillet prochain. Devant cet état de fait, M. Bouregâa a demandé à ce qu’il y ait une enquête indépendante du ministère de tutelle. Pour Me Hocine Zahouane, président de la LADDH, “l’Algérie n’est pas prête pour régler le problème des expulsions devenu un phénomène national”.
“Le comité aura pour mission d’accueillir et de conseiller ces familles victimes d’expulsion”, a-t-il expliqué.
Lemya Ouchenir
