Quand le charme rime avec le verbe

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Installé en France, depuis 1991, Merzouk arrive à concilier l’art et son travail. A son actif, huit albums dans le “Haddi”, du style marocain. En dépit des responsabilités familiales, notre chanteur ne compte pas s’arrêter en si bon chemin pour niveler l’écart et le vide entre les générations existant entre les genres musicaux. Sa force du verbe est rendue d’autant plus pénétrante dans toutes ses chansons que l’interprétation qui en est faite est appréciable. L’exemple étant le succès obtenu par la chanson Dirith errayin (mon opinion est mauvaise) composée en 1985. Il a réveillé en lui l’humiliation. C’est dans ces années-là qu’il participa à plusieurs fêtes dans toute la région de la Kabylie.

Depuis, il a emprunté la voie du succès en récidivant à plusieurs reprises avec des compositions aussi bien travaillées les unes que les autres, toutes compilées dans huit albums. Son premier remonte à 1978 avec Cheh yahwahi chez Scope Music Paris. Le dernier en date remonte à 1993 Thizat ilili chez Massinissa Tizi-Ouzou, avant de s’éclipser durant 28 longues années. Son entrée dans le monde de la poésie et de la chanson à l’âge de 16 ans, n’a pas tardé de faire de lui un enfant adulé par les jeunes de son âge et même par les vieux qui découvrent en lui un chanteur de charme et de principes ancestraux. Suivant le chemin de ses aînés, Merzouk n’a pas manqué d’apporter une touche supplémentaire au style folklorique kabyle qu’il fredonnait depuis ses tendres années de jeunesse où il a suivi le chemin tracé de ses idoles à l’exemple des Slimane Azem, Cherif Khedam, Aït Menguellet et bien d’autres encore qu’il vénère, lui-même, car étant les maîtres incontestés de la chanson kabyle. Loin de remettre en doute le travail de tel ou tel, Merzouk Mazari croit que la chanson kabyle aujourd’hui accuse une régression (libre entretien). De nos jours et pour quelques uns le spécial fête, à paroles “tout venant” est un fond de commerce qui rapporte de l’argent, ce qui n’est pas la prétention de notre chanteur Merzouk comme il le dit si bien “méchante” pour atténuer mes douleurs et celles des autres. “Il y a mille manières de répandre la joie à condition de respecter le sens qu’on accorde à notre œuvre et de ne pas tomber dans des conditions stériles qui, malheureusement, de nos jours, caractérisent la majorité des chansons destinées aux fêtes. Les reprises ont en fait un goût de réchauffé”, dira-t-il avec une pointe de regret et d’impuissance. C’est donc tout cela qui laisse les anciens chanteurs un peu à l’écart, eux, qui se refusent de vendre leurs pensées et leurs convictions. En dépit de toutes les difficultés, Merzouk Mazari nous promet d’autres œuvres qui seront éditées en France en début d’année. Quant aux anciennes chansons, une cinquantaine, elles seront disponibles en compilation dans des CD, incessamment. Cela dit, l’aspect qui fait que ce chanteur fait un travail en profondeur, c’est l’intérêt qu’il porte au patrimoine, sa volonté de produire des œuvres qui sont au goût de la majeure partie de ses admirateurs.

S. K. S.

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