Les deux manifestations culturelles abritées par la wilaya de Tizi-Ouzou durant plus d’une quinzaine de jours, le Panaf 2009 et le Festival arabo-africain de danse folklorique, ont, malgré de multiples satisfactions, montré que le mouvement culturel est loin d’abandonner les vieux réflexes de l’improvisation et d’anarchie qui le caractérisent. Paradoxalement, c’est au moment où des sommes colossales sont mobilisées et dépensées par les pouvoirs publics en vue de garantir le bon déroulement des événements culturels que les “stipendiés”, guettant les bonnes affaires, se jettent sur le “morceau”, histoire de partager le gâteau, logique rentière oblige. Un marchandage “corrompus-corrupteur” s’engage alors dans l’obscurité totale, des cercles occultes familiarisés avec l’argent sale jaillissent avec le grand lot, au détriment de la… culture, qui s’en retrouvera victime. Que de fois avons-nous vu des énergumènes évoluant en dehors du cadre culturel, s’autoproclamer l’un régisseur, l’autre metteur en scène ou bien sonoriste et/ou ingénieur du son ? Reléguant ainsi les véritables compétences au second rôle. L’organisation proprement dite a reçu un coup très sévère, érigeant, à l’occasion, l’anarchie et le désordre comme principe de gestion certainement pour mieux régner. “Au pays des aveugles, le borgne est roi”, cela s’applique totalement à ce qui se passe généralement dans de tels événements culturels. Au lieu d’une organisation professionnelle, certains ont fait le choix de l’amateurisme en misant sur des incompétents qui, sous d’autres cieux, seraient tout simplement relégués en spectateurs. Cette situation d’anarchie est bien évidemment symptomatique d’une crise qui frappe de plein fouet le domaine artistique où s’autoproclamer n’est plus un acte isolé. C’est même une dynamique d’ensemble qui a transposé l’art vers les sommets de la médiocrité. Des néophytes s’érigent en maîtres des lieux, squattant les espaces de création artistique au point de ne plus savoir qui fait quoi. Un manque de structuration qui a fait basculer l’art sur les rives de la folklorisation. On ne peut plus distinguer le producteur du promoteur et de l’éditeur, le domaine artistique manque terriblement de structuration. L’intervention devra justement être cernée, en premier lieu, sur la réhabilitation de la compétence à tous les niveaux. A l’image de la chanson qui se redresse, peu à peu de la razzia du rythme qui l’a envahie faisant du batteur un chanteur, où la norme musicale étant plus dans la capacités de “chauffer” la scène qu’autre chose, l’organisation dans son sens le plus large devra, elle aussi, retrouver ses marques de noblesse, grâce aux vraies compétences, c’est une question de temps surtout que la raison d’être d’une organisation est justement de permettre à des gens ordinaires de faire des choses extraordinaires… A bon entendeur !
Omar Zeghni