Le chêne terrassé

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L’Algérie de la résistance et de la modernité vient de perdre l’une des composantes les plus essentielles et déterminantes du combat pour la République. El Hachemi Cherif, par une grave maladie depuis près de deux ans, hospitalisé à Paris, a lutté contre les affres de sa pathologie, depuis juin 2004. Rentré au pays, a continué à être au diapason de l’actualité politique nationale et toujours avec le regard vif sur l’activité du MDS dont il était le secrétaire général jusqu’à l’année 2004, où Hocine Ali lui succède. El Hachemi Chérif, connu pour ses positions politiques anti-islamistes et antiterroristes, a déjà été victime de deux tentatives d’assassinat.La plus marquante fut celle de Kouba, où la horde terroriste ciblait sa voiture de marque Renault 21 et échappe miraculeusement à l’attentat.La deuxième tentative, des plus professionnelles fut celle de Club des Pins, tout un tunnel est creusé sur une longue distance, pour atteindre, la résidence d’El Hachemi Cherif, à Club des Pins,qu’il occupait pour des raisons sécuritaires au même titre que tout le personnel politique algérien.El Hachemi Cherif, qui était pendant les années 70 syndicaliste à la RTA, réalisateur de films, il fut sous-préfet en 1964 de la daïra de Lakhdaria et était officier de l’ALN pendant la révolution algérienne.El Hachemi Chérif, a été militant du PAGS depuis 1966 après avoir été proche du PCA, et a participé avec d’autres intellectuels et hommes politiques à l’ORP, l’Organisation de la résistance populaire pour s’opposer au coup d’Etat de 1965 contre Ben Bella. Le défunt El Hachemi a été membre de la direction nationale du PAGS pendant des dizaines d’années et était l’un animateurs du journal clandestin organe central du parti Saout el chaâb.El Hachemi Cherif a été à la tête du PAGS, suite au congrès du parti tenu en 1993 où Sadek Hadheres était aux commandes du PAGS depuis 1966. Ce congrès qui a propulsé El Hachemi Cherif, à la tête de l’organisation est intervenu dans un contexte politique national et international assez particulier.D’abord au plan national, l’islamisme marque sa fulgurante ascension et domination où les premiers actes terroristes se faisaient signer par le GIA, à la fois le bloc de l’est connaissant une révolution douce et parfois violente pour voir s’écrouler le bloc communiste et la chute du mur de Berlin.El Hachemi Cheriftravaille une ligne politique reformée, et s’adapte aux nouvelles exigences politiques et économiques, s’inscrivant dans la logique d’une économie de marché à vocation sociale.Du PAGS, au MDS en passant par Ettahadi, l’enfant de Sidi Aïch continue à faire valoir une politique radicale contre l’islamisme politique, en imposant une ligne de démarcation qui s’articule autour de l’opposition entre projets de société moderne et théocratique, comme il n’a jamais cessé de s’opposer à la nature hybride du pouvoir politique de l’époque, indécis à clarifier l’option stratégique du projet de société algérienne.Face à l’offensive terroriste des islamistes sur l’ensemble de la société algérienne, E Hachemi Cherif, était parmi ceux-là, qui ont encouragé les acteurs de la résistance populaire dont l’une des figures proches était El Mekhfi, à charge près de 2000 patriotes dans la region de Bouira et Lakhdaria.Comme, il n’a jamais raté toute initiative des républicains algériens aux côtés de formations politiques, pour l’action commune aux dépens de l’islamisme et en faveur d’une Algérie moderne et démocratique, jusqu’à revendiquer l’interdiction des partis islamistes.Il prend part aux états généraux des républicains, il appuie les initiatives du CCDR, il soutient le combat des femmes, de la revendication culturelle de tamazight, le mouvement citoyen des archs. El Hachemi Cherif, a fait des pertinentes analyses politiques sur la natures des enjeux de l’Algérie, il était à la fois l’homme politique et l’intellectuel que l’Algérie a enfanté avec rareté. El Hachemi Cherif s’éclipse et s’éteint à l’âge de 66 ans, à Club des Pins, laissant derrière lui, 3 enfants et un projet politique non finalisé, celui de l’Algérie moderne et irréversiblement démocratique et républicaine.Encore une perte et pas des moindres des enfants de l’Algérie patriotique.

Khaled Zahem

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