Rubrique animée par Hamid Oukaci
La Dépêche de Kabylie : Tout d’abord, quelles sont vos nouvelles ?
Actuellement, je suis en congé. Comme chaque année, je ne rate pas l’occasion de venir au pays pour me ressourcer et passer des vacances avec ma famille. Je me suis installé aux Émirats arabes unis plus exactement, à Abou Dhabi où j’exerce le métier de sélectionneur de football à la police d’Abou Dhabi que j’ai rejoint en 1994 et j’y suis à ce jour.
Pourquoi n’avez-vous pas entamé une carrière d’entraîneur ici en Algérie ?
Sincèrement, si un jour, je reviens au pays, je préfère être un marchand de cacahuètes qu’entraîneur de football parce que c’est un milieu ingrat. Vous savez qu’on s’est sacrifié pour le sport roi, on s’est même cassé les jambes, et à la fin, on se retrouve marginaliser. D’ailleurs, je ne suis pas le seul, il y a pas mal d’anciens joueurs qui n’attendent rien, sauf une reconnaissance. Enfin, je préfère garder le respect et l’estime des supporters et avoir la tête haute, que de me mêler dans ce milieu.
Si on revenait à vos débuts dans le football ?
Comme chaque jeune de mon âge, j’ai commencé à taper dans le ballon dans mon quartier. J’ai intégré la JSK en catégorie minime, vers la fin des années soixante où j’ai passé pratiquement, toute ma carrière, j’avoue que le fait de grandir à la cité des Genêts, m’a beaucoup encouragé à entamer une carrière de footballeur, étant donné qu’à l’époque, il y avait pas mal de joueurs de notre quartier qui évoluaient à la JSK, à l’image de Iboud, Younsi, Rabah Lalmas, Rabie Mahleb et tant d’autres, donc ils étaient des exemples à suivre, d’ailleurs, j’ai même quitté les bancs de l’école très jeune pour me consacrer à mon sport préféré.
Souvenez-vous de votre premier match avec les seniors ?
J’étais promu en senior en 1979, soit juste après que Hannachi ait décidé de se retirer donc, j’ai pris la relève. J’ai joué mon premier match contre la DNC comme arrière-droit, puis, j’ai fait ma carrière comme stoppeur, malgré que j’aie une prédilection pour le poste de libéro, mais je suis resté toujours à la disposition de l’entraîneur qui m’a fait jouer comme stoppeur, et j’ai gardé ce poste. J’ai failli mettre un terme à ma carrière très jeune
Pourquoi ?
J’ai contracté une méchante blessure, qui m’a éloignée des terrains, en plus de l’intervention que j’ai subie. Je ne jouais pas souvent, alors un jour, j’étais allé voir Khalef pour lui signifier que j’ai pris la décision de mettre fin à ma carrière, mais il a refusé et il m’a conseillé de faire la préparation d’intersaison et j’ai fait une très bonne préparation et j’ai réussi à relancer ma carrière, c’était en 1985.
Vous avez joué pendant plus de 15 ans au sein la JSK, quels sont les moments qui vous ont marqué le plus ?
Vous savez, le fait de jouer à la JSK et représenter toute une région, était déjà un honneur pour moi. Je dirais que la saison 1985/1986 restera gravée, à jamais, non seulement dans ma mémoire, mais aussi, dans tous les esprits des supporters kabyles. Sans me vanter, c’était la meilleure saison depuis la création de la JSK, car, on était une vraie machine qui écrasait tout sur son passage. On était comme une famille, on jouait pour les couleurs et surtout pour notre merveilleux public qu’il ne fallait pas décevoir car un supporter fait des centaines de kilomètres, et rentre au stade, à 8h du matin, sans boire ni manger pour encourager son équipe, alors on avait pas le droit de le décevoir.
Vous étiez tellement réputé pour vos coups francs qu’à chaque fois, le public vous réclamez pour les exécuter…
Je dirais que c’était un don puisque je n’ai jamais travaillé la frappe, mais c’est une qualité que j’avais acquise depuis mon jeune âge. D’ailleurs, je me souviens qu’en cadet, j’ai marqué un but à partir du milieu du terrain. Même le but que j’avais marqué, face au MCO, je pense que j’avais une part de chance sur l’action, puisque dans ma tête j’ai fait une longue passe pour les attaquants, en réintégrant mon poste, à ce moment, j’ai vu mes coéquipiers courir vers moi, j’étais étonné, car, je ne savais pas que le ballon a franchi les bois, par ailleurs, au début de ma carrière, je ne tirais jamais de coups francs par respect aux anciens joueurs, quand ces derniers sont partis, c’était à moi, de les exécuter et j’ai marqué à plusieurs reprises. Tant mieux pour moi et pour l’équipe.
Quels étaient vos rapports avec les supporters de l’époque ?
Nos rapports avec nos supporters étaient basés sur le respect mutuel. Ils nous soutenaient sans relâche dans les bons et les mauvais moments, de notre côté, on faisait tout pour les satisfaire, car on les avait habitué à des scores larges. Ils nous réclamaient, à chaque fois de gagner avec des victoires. On les comprennait parce qu’ils savaient très bien de quoi, on était capable, mais aussi, parce la JSK était une grande équipe. D’ailleurs, on remportait chaque saison un titre.
Racontez-nous une aventure que vous avez vécu lors d’un voyage en Afrique ?
J’ai participé à plusieurs rencontres continentales, je me souviens qu’une fois, on jouait la Coupe d’Afrique en Somalie contre une équipe locale, à un moment, un joueur adverse a tiré dans les décors, alors j’ai pris le ballon pour le dégager, mais l’arbitre a désigné le point de penalty, heureusement qu’Amara l’a arrêté. Quand on jouait en Afrique, on s’attendait à tout.
Je veux aussi souligner le voyage qu’on avait effectué en Zambie avec le regretté Lounès Matoub, à qui je rends un vibrant hommage car malgré son état de santé, il tenait toujours à faire le déplacement avec nous. En tout cas, ce n’était pas quelque chose de nouveau pour un grand supporter comme Matoub puisque depuis 1978, il était avec nous et il nous soutenait à fond. Franchement, c’est une grande perte pour la Kabylie.
Vous avez eu beaucoup d’entraîneurs dans votre carrière, qui t’a le plus marqué ?
En catégorie jeune, il y avait le défunt Djaffar Harouni, en seniors, il y avait Khalef et Zyvotco, mais je dirais que j’avais un penchant pour le défunt Harouni, qui était mon voisin. On se voyait souvent et il n’arrêtait pas de me conseiller. Etant le plus jeune de l’équipe, il me grondait même des fois, quand je faisais des erreurs, il était un grand éducateur.
En quelle année avez-vous arrêté de jouer ?
J’ai mis fin à ma carrière en 1993, où j’ai joué la phase aller du championnat. Il y avait le facteur âge et surtout, les jeunes qui commençaient à se distinguer, donc j’ai préféré céder ma place, en 1994. J’ai directement rejoint les Emirats arabes unis où j’y suis jusqu’à ce jour.
Que pensez-vous de notre équipe nationale ?
Comme chaque Algérien, j’ai suivi le parcours de notre équipe nationale dans les éliminatoires jumelées Coupe d’Afrique, Coupe du monde et je suis très heureux du parcours réalisé jusque-là, je pense qu’on a de fortes chances d’y aller au Mondial. Il faut seulement, travailler davantage et surtout garder les pieds sur terre.
Un dernier mot pour conclure ?
Je profite de l’occasion pour passer un grand bonjour aux supporters de la JSK, qui nous ont soutenu pendant notre carrière et, bien sûr, leur souhaiter une bonne chance pour le prochain exercice. J’espère de tout cœur qu’elle remporte le titre pour rendre heureux notre merveilleux public, sans oublier de souhaiter longue vie à votre journal qui nous a donné l’opportunité de nous exprimer et de remémorer certains moments de notre passage à la JSK
H. O.
Pour vos contacts intranddk@yahoo.fr
