Il parle de défi, de durabilité, de paix, de créativité et d’avenir… Alors que son objectif est de promouvoir, tout particulièrement auprès des jeunes, selon le Programme d’action mondial pour la jeunesse qui encourage l’action en faveur des jeunes dans dix domaines prioritaires : éducation, emploi, malnutrition, pauvreté, santé, environnement, toxicomanie, délinquance juvénile et loisirs.
“À l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse, j’appelle donc les gouvernements, la société civile et le secteur privé à intensifier leurs efforts pour travailler avec la jeunesse en vue de relever ces défis ; et j’encourage tous les jeunes à mobiliser leur énergie et leur créativité pour garantir la paix et la durabilité aux générations futures”, a déclaré le numéro un de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation et la culture.
En effet, les jeunes, qui selon les critères des Nations unies, correspondent à la tranche d’âge 15 à 24 ans, représentent un sixième de la population mondiale. La majorité de ces jeunes hommes et femmes vit dans des pays en développement et leur nombre devrait augmenter substantiellement. Par ailleurs, la jeunesse est une période à vivre au présent en tant que telle. Il ne s’agit pas d’un simple passage, mais comme pour tous les âges, d’une période de vie à part entière.
En outre, la jeunesse algérienne souffre toujours en silence, elle se plaint du chômage, de la dégradation du pouvoir d’achat, de l’inadéquation de l’éducation, du mal de vivre, de la perte des repères identitaire et culturel, de l’absence d’une politique de prise en charge adaptée sur le plan éducatif, culturel et loisirs.
Elle souffre également de la déperdition scolaire. Devant tous ces maux sociaux, la jeunesse algérienne ne trouve aucune issue pour échapper à ces problèmes que l’immigration clandestine au péril de leur vie.
C’est le problème de la jeunesse au chômage. Pour fuir le suicide et la répression psychologique, on tente le diable en changeant d’horizon, sur une barque, espérant trouver une vie meilleure, qui réunit ses jeunes en détresse, de différentes wilayas, des diplômés, chômeurs, des étudiants, des pères de famille, même les femmes mènent cette aventure vers l’inconnu.
Ce rêve qui guette la jeunesse algérienne
Le nombre de cadavres de harraga repêchés par les garde-côtes de la Marine nationale a triplé en l’espace de quatre ans. Ainsi, l’interception de 1 327 jeunes Algériens en majorité âgés entre 21 et 29 ans, indique que la majorité de ces émigrés clandestins viennent de la côte-est du pays avec 636 dont 442 de la seule wilaya d’Annaba. Et l’année dernière a été l’année la plus meurtrière pour les harraga, car les services en question ont repêché 98 cadavres, soit une hausse de 37% par rapport à l’année 2007 durant laquelle les gardes-côtes avaient enregistré 61 morts. Pour la même période, les forces navales ont effectué 88 interventions dans le cadre de la lutte contre ce désastre qui est devenu le quotidien de notre jeunesse
En 2008, 639 clandestins interceptés ont été refoulés par les autorités de différents pays européens. Un chiffre également en hausse par rapport à ceux des années 2007 et 2006 où l’on a enregistré 189 et 532 cas de refoulement. Durant ces trois dernières années, 1 360 émigrés clandestins ont été interceptés puis rapatriés.
Plus de 67 000 personnes ont traversé la Méditerranée pour demander l’asile en Europe en 2008, dont plus de la moitié est arrivée en Italie et à Malte, selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). L’Italie, à elle seule, a vu débarquer sur ses côtes 36 900 immigrés l’année passée, un chiffre en hausse de 75% par rapport à 2007. Pour la même période, 2 770 immigrés, dont plus de 1 400 Somaliens, sont arrivés à Malte, le plus petit Etat de l’Union européenne. La Grèce et Chypre constituent pour les clandestins des points de transit pour rallier les pays de l’Europe de l’Ouest. Toujours dans le cadre du renforcement de la lutte contre l’immigration clandestine, le Parlement européen a prévu, dans une loi soumise à l’approbation, des sanctions pénales pour les employeurs de sans-papiers, afin de sensibiliser les entreprises et les particuliers à la lutte contre ce phénomène.
Les tentatives de la harga sont en hausse sensible par rapport aux quatre dernières années. 246 personnes ont été interceptées en août 2008. Pour 2007, 1 259 clandestins ont été interceptés par les forces navales et 61 cadavres ont été repêchés au large des côtes. Le bilan de l’année 2006 s’élevait, quant à lui, à 1 016 personnes refoulées et 73 morts par noyade repêchés. Le nombre en 2005 n’a été que de 335 et 29 cadavres repêchés. En somme, de 2005 à 2008 il y a eu 261 morts et 3 937 personnes interceptées par les forces navales.
La mer continue d’ôter la vie aux jeunes, et ce phénomène a repris de plus belle, et avec plus de détermination. D’Est en Ouest, les jeunes Algériens partent de partout. A 15, 20 et 40 ans. Femmes, enfants, familles entières. Les harraga quittent leur pays pour chercher un avenir soi-disant prometteur. En effet, tiraillés entre le désir de stabilité et l’instabilité sociale imposée par la cherté de la vie, le chômage, la crise du logement et l’absence de perspectives d’avenir, ils ne savent plus où donner de la tête. Ils optent alors, en s’endettant, pour l’unique solution qui est de partir vers de nouveaux horizons, ils choisissent la harga comme échappatoire. Tel est le dilemme des jeunes algériens. Pour la plupart, c’est de quitter le pays, se sauver et choisir ainsi des moyens illégaux, en somme la fuite coûte que coûte. Cette jeunesse perdu trouvera-t-elle un jour l’espoir?
Kahina Idjis