Par Anouar Rouchi
Démocratie ou pas, pluralisme ou pas, liberté d’expression ou pas, lorsqu’un pays fait face à l’adversité extérieure, l’on est censé taire ses différences et souscrire à une sorte d’union sacrée de circonstance. Rappelons-nous, par exemple, le bras de fer franco-américain à la veille de l’intervention militaire en Irak. Toute la classe politique française, de l’extrême gauche à l’extrême droite, en passant par le Parti socialiste, le Parti communiste et les Verts, s’est alignée derrière le président Jacques Chirac et Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères.Notre pays vient de vivre une épreuve douloureuse et sanglante que le président de la République n’a pas hésité à qualifier d’agression, lui à qui n’échappent ni le poids des mots ni les nuances du langage diplomatique. Deux diplomates algériens en poste à Baghdad ont été enlevés à une encablure de leur ambassade. Le représentant local de la nubuleuse El Qaïda, le sanguinaire Zarqaoui, a aussitôt revendiqué le rapt à travers un communiqué dans lequel il se vante d’avoir réussi son forfait sans coup férir, au nez et à la barbe des forces de sécurité irakiennes et des marines américains. Un autre communiqué est venu, un peu plus tard, annoncer l’exécution prochaine des deux otages, ce qui a valu au chef terroriste et à ses accolystes les félicitations du GSPC et la bénédiction de l’ex-n° 2 du FIS. A peine une semaine après l’enlèvement, le communiqué fatidique tombe, toujours via un site Internet : les deux diplomates algériens sont exécutés !Alors que les familles des martyrs sont inconsolables, alors que l’Algérie tout entière exprime sa douleur et crie vengeance, au moment où la communauté internationale est unanime à condamner le crime ignoble, il s’est trouvé des analystes de pacotille, sans doute férus de la série télévisée X-Files et convaincus que “la vérité est ailleurs”, pour échafauder des scénarii à rendre Alfred Hitchkock rouge de jalousie. “Et si les Etats-Unis… Et si Israël… Et si… Et si…”De telles élucubrations, agrémentées d’amalgames innommables, ont pu encourager l’assassin Zarqaoui à tenter de se disculper, ayant constaté que son crime a été politiquement contre-productif. Plus grave encore, des responsables politiques se sont adonnés sans vergogne à ce genre de spéculations malsaines. C’est le cas de cette ex-candidate à l’élection présidentielle, à la tête d’un parti politique représenté à l’APN, qui a multiplié des déclarations équivoques. Cela n’est d’ailleurs pas fait pour étonner tant cette gent dame s’est déjà illustrée par des positions et des propos attentatoires à l’intérêt de la nation. Après avoir été l’avocat du diable le long d’une décennie, n’a-t-elle pas récemment encore attenté aux intérêts du pays et à sa stabilité en établissant une symétrie criminelle entre la Kabylie et le Sahara-Occidental. Ses propos signifiaient, au mieux, que le Sahara-Occidental est légitimement marocain et, au pire, que la Kabylie n’est pas algérienne.Démocratie ou pas, liberté d’expression ou pas, tout est-il permis en politique ? Et aux politiques…
A. R.
PS : Que le lecteur pardonne le caractère sobre de cette chronique dictée par la nature même du sujet.