Quand le travail tue !

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Une fois que leurs forces sont épuisées dans la recherche d’un emploi, ils se laissent ainsi envahir par le désespoir et acceptent ainsi de travailler dans des conditions précaires.

Ainsi, alors que certains se plaignent du chômage, d’autres pleurent la précarité de leur emploi.

Des emplois caractérisés par des revenus très faibles, où les travailleurs ne sont pas assurés, et se trouvent donc exposés à tous les risques. Ce type d’emploi, faut-il le signaler, est la première cause de beaucoup de maladies dont souffrent les travailleurs, notamment le stress. Ce dernier est à l’origine de nombreux problèmes psychologiques, psychosomatiques et relationnels. On peut même dire que le stress professionnel est une cause directe de quelques suicides. Ne supportant plus leurs conditions de travail, voire leurs conditions de vie, les travailleurs mettent un terme à leur vie. Car ce fléau influe de manière négative sur l’état psychologique et mentale de l’employé jusqu’à le conduire vers une fin tragique et douloureuse.

Les médecins nous affirment à ce sujet que « les gestes répétitifs et la pression du travail provoquent souvent des douleurs physiques telles que les migraines, les maux de dos et de tête qui se répercutent sur la vie de l’employé souvent tendu à cause de l’environnement de son travail”. Combien sont-ils les employés qui se plaignent de la précarité de leur travail ?

Le stress, les nerfs, les maladies…

Salima, 25 ans, a été engagée dans une entreprise privée comme secrétaire. Elle souffre de maux de tête, d’insomnie et de mal de dos. « Pourquoi j’ai eu un diplôme alors qu’il ne me permet pas de travailler dans de bonnes conditions. Je suis exploitée et je donne beaucoup de moi-même, je peux même vous dire que je travaille comme une esclave. Mon employeur ne m’accorde qu’une demi-heure pour déjeuner. Je ne peux ni discuter avec les collègues ni faire une petite pose. Je ne trouve plus le temps de me reposer. Comme j’habite loin de mon lieu de travail, je me trouve dans l’obligation de sortir de chez moi tous les jours à 6h, puisque le gérant de l’entreprise nous oblige à pointer à 8h, et de quitter le boulot à 17h. Je passe 10 heures par jour à travailler pour un salaire misérable de 14 000 DA. Je ne vous cache pas que je ne supporte plus les conditions dans lesquelles je travaille, c’est pour cela que je me suis lancée en parallèle à la recherche d’un autre emploi, qui soit moins stressant. »

Ce dernier cas est presque identique au cas de Sabrina, 28 ans, employée chez un concessionaire. Sabrina n’a pas mâché ces mots pour nous raconter ce qu’elle avait enduré dans son travail pour lequel elle avait donné plus qu’il n’en fallait pour qu’elle soit mal récompensé à la fin. « J’étais engagée comme agent préparateur de véhicules neufs. Par la suite, j’ai travaillé dans trois postes comme metteur en main, gérante de station gasoil et magasinière. Pis encore, le gérant de l’entreprise nous faisait travailler même durant le week-end (jeudi et vendredi), en nous confirmant que nous allons récupérer les journées, mais une fois que nous demandons la récupération, il refuse notre demande à la première occasion, sous prétexte qu’il y a trop de travail. Je faisais un boulot de trois employés pour un salaire minable de 12 000 DA. Avec toute cette pression que je subissais au quotidien, je suis devenue très nerveuse et très stressée alors que je ne l’étais pas avant. A force de travailler, je suis tombée malade, le médecin m’a conseillé un mois d’arrêt de travail. J’ai demandé au gérant de m’accorder un congé de maladie d’un mois, il n’a rien trouver de mieux que de me mettre à la porte, voilà comment les employeurs récompensent leurs employés.”

Ce n’est non plus la joie pour les enseignants, qui subissent le stress, la fatigue et la pression au quotidien. Une étude a été faite dans ce sens par le Conseil des lycées d’Algérie avec l’aide des médecins qui se sont appuyés sur une enquête menée sur un échantillon d’enseignants du secondaire. Cette étude a révélé que 60% des enseignants souffrent de névrose, d’angoisse, 50% d’autres souffrent de polyarthrose et de lombalgie (arthrose, hernie discale, sciatique et lumbago), 48% se plaignent de varices, 47% de dysphonie et 45% de rhinite allergique. En outre, 30% d’enseignants souffrent également de colon irritable, 30% d’hypertension artérielle, 27% de migraine, 20% d’asthme allergique et 14% d’ulcère gastrique. La même étude a aussi divulgué que 7,2% d’enseignants souffrent de dépression nerveuse et 5,5% d’autres d’angine de poitrine.

Farid, agent administratif dans une société, âgé de 27 ans, souffre déjà de polyarthrose, de mal de dos, et de maux de tête. « L’environnement dans lequel je travaille m’a complètement gâché la vie ; mais malheureusement, je n’ai pas le choix vu que c’est difficile de trouver un bon emploi en Algérie », a-t-il déploré.

Vaut mieux prévenir et se prémunir…

A noter que les premières manifestations de stress se présentent par des douleurs aux trapèzes, palpitations, tensions neuromusculaires, troubles du sommeil, perte d’énergie, brûlures d’estomac, troubles alimentaires, irritabilité. Dès que ces symptômes se manifestent chez une personne, il est important de se prendre en charge le plus tôt possible, affirment les spécialistes qui avertissent qu’il faut faire face au stress.  » Il faut y faire face avec du nerf. C’est la digue qui permet de contenir le fléau. Si cette protection cède, on bascule dans une aire de pathologie », poursuit encore un spécialiste qui conseille à la personne stressée d’agir avant l’apparition de pathologies plus graves, notamment dépression nerveuse, accident vasculaire cérébral, infarctus cardiaque. « Il est impératif, voire vital de se rendre compte de leur situation et d’essayer de la contrôler « , a-t-il ajouté.

Un autre spécialiste dira qu’“il faut tout d’abord se protéger, se prémunir contre les causes qui s’installent et se manifestent par des symptômes qui ne trompent pas, telles l’irritabilité, la fatigue. Ensuite, mettre en place un plan de lutte, s’entourer, aller vers les siens ou les laisser venir vers soi. Bouger, rire, changer son environnement ».

Le recours aux médicaments que proposent certains médecins dans ce genre de situation reste la dernière issue pour les personnes stressées. Mais il faudrait bien savoir que ce recours a des effets secondaires et parfois nocifs pour d’autres fonctions, et de la dépendance possible à ces remèdes. Sachant que les médicaments et autres substances ne libèrent pas de la cause du stress, ils ne font qu’apaiser temporairement ses effets. Un autre inconvénient est qu’à long terme ils affaiblissent le système nerveux. Il est important d’être attentif à cette solution de facilité, indiquent encore les spécialistes.

A l’instar des médicaments qui apaisent les effets du stress, le sport aussi apporte aussi un certain soulagement aux personnes stressées. Le sport, faut-il le signaler, peut aider à évacuer un trop plein de tension

Il permet aussi de rééquilibrer les fonctions du corps et le système nerveux et de renforcer les défenses immunitaires. Toutefois, même si au début, le sport semble apporter certains bienfaits, ce dernier n’élimine en aucun cas les causes profondes du stress.

Lemya Ouchenir

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