Eutre les problèmes liés au partage du pouvoir au sein d’une même assemblée, presque soumise dans leur majorité à des difficultés de cohabitation entre les différentes sensibilités politiques, les APC de la wilaya de Tizi-Ouzou font face ces dernières années à un autre type de défi, celui d’établir de meilleures relations avec leur tutelle administrative.
En effet, sans être régies par un quelconque cadre juridique, les relations entre les élus locaux, en principe bénéficiant de la légitimité acquise en passant par les urnes, et les autres institutions ou organismes de l’Etat, ne reflètent pas la complémentarité qui devait y avoir entre tout ce qui peut assurer la stabilité des institutions. L’exemple de la commune instituée comme la première institution du pays illustre bien une réalité, celle du déséquilibre qu’il y a entre le pouvoir local qui devait confirmer une certaine idée de la décentralisation, d’une part, et une administration mise à contribution pour affirmer la suprématie de l’Etat central sur le pouvoir de décision, d’autre part.
Ainsi, étant donné que les rôles ne sont pas clairement définis pour au moins savoir où se limitent les prérogatives de chaque responsable, le président de l’APC et les membres de son exécutif se heurtent quotidiennement à des entraves qui freinent le développement local.
“Lorsqu’une délibération approuvée à l’unanimité par l’assemblée se retrouve bloquée au niveau de la daïra pendant un mois, alors qu’il s’agit de décision importante pour la collectivité, on ne peut pas parler d’évolution dans nos institutions”, dira en substance un élu d’une APC de la daïra de Boghni, apparemment déçu du devenir des municipalités.
Un autre membre d’un exécutif communal, faisant partie d’une composante où cohabitent deux formations politiques, affirme que “le problème ne réside pas dans l’administration communale, car il n’y a aucun enjeu à l’intérieur de l’institution puisqu’il est question d’assumer des missions bien définies”.
Donc pour lui, “le problème est ailleurs et il est beaucoup plus profond parce qu’il est particulièrement impossible de dire actuellement a qui appartient la primauté dans la décision pour les cas des communes”. Et d’ajouter que “mis à part les PCD que le P/APC peut répartir selon les priorités qu’il a lui-même définies auparavant, on ne peut pas parler d’existence d’un pourvoir local tel qu’il est pratiqué dans les pays développés”.
Cette prise de conscience du rôle important que doit assumer un édile communal existe chez de nombreux mairies de la wilaya, dont un groupe de P/APC a déjà créé un cadre de concertation pour défendre les intérêts de leurs communes respectives. Cette initiative a eu lieu dans la daïra de Ouaguenoun, mais sans connaître le succès espéré sur le plan législatif, rien n’est venu renforcer le rôle des assemblées élues.
Au contraire, l’on assiste dès fois à des pressions de l’administration dans des communes où siègent des partis dits de l’opposition et même des partis de la coalition gouvernementale car en fin de compte selon un élu qui a préféré garder l’anonymat “les affinités ne se définissent pas par rapport à la couleur politique de l’élu, mais beaucoup plus à l’intérêt des uns et des autres”.
C’est peut-être cet esprit qu’il faudra changer si on veut construire des institutions au service du citoyen et de l’Etat en même temps.
M. Haddadi
