“Difficile de fixer un juste prix du ciment”

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La Dépêche de Kabylie : Malgré les promesses quant à une baisse du prix du ciment sur le marché, ce matériau reste toujours inabordable, un commentaire ?

M. Derridj : Ecoutez, avec la promulgation de la dernière ordonnance relative à la concurrence, les prix ne sont plus administrés. L’Edimco est une entreprise publique autonome avec le statut de SPA, dans ce contexte les prix sont libre. J’achète la marchandise avec des factures et je vends aussi avec des factures de vente prenant la marge bénéficiaire. Nous évaluons dans le respect de la réglementation. Nos prix sont étudiés, la même ordonnance dans son article 12 interdit la concurrence déloyale.

Les prix demeurent toujours élevés sur le marché, quelles sont les raisons à votre avis surtout, avec l’entrée en vigueur de ladite ordonnance ?

En tant que responsable d’une entreprise publique, je ne peux que m’inscrire totalement dans l’esprit de la loi et du décret dont la finalité n’est autre que de lutter contre la pratique spéculative. Maintenant, il reste qu’il y a des ambiguïtés qu’il faut éclaircir, le prix de la vente ne peut être standardisé car il y a une problématique de coûts et de charges que supportent les entreprises et qui diffèrent de l’une à l’autre. Il faut prendre en considération toute la fixation du prix de vente, du coût de revient global. Donc le décret doit être complété par l’autre mesure afin de venir à bout de la spéculation. En l’état actuel, la pratique spéculative est très présente. En ce qui concerne les prix élevés, je peux résumer les raisons en six facteurs, qui sont à mon sens, déterminants. D’abord, la baisse de l’offre qui est théoriquement de l’ordre de 13 millions de tonnes en raison des arrêts multiples, soit pour des raisons techniques, préventives et curatives. Ces arrêts ont sensiblement diminué le volume global de production. Il y a aussi l’augmentation de la demande et là je précise que le problème est accentué par l’absence d’une qualification des besoins au niveau national. Cette augmentation est encouragée par des facteurs tels que la baisse des prix de l’acier, l’amélioration des conditions climatiques et la reprise des chantiers en raison d’une relance économique dans la région.

Pensez-vous que la promulgation du décret résoudra la crise, à moyen terme ?

Je pense, comme je vous l’ai déjà dit, que le décret est une bonne chose en ce sens qu’au fond, il s’agit de lutter contre la pratique spéculative. Il faut qu’il soit renforcé par des modalités qui dissiperont certaines ambiguïtés. J’estime qu’il est insensé de demander par exemple à l’Edimco de Tizi-Ouzou qui ramène la marchandise de Sour El-Ghozlane de vendre au même prix que celui de l’entreprise de Bouira. Il y a un coût de revient plus cher. Le décret contribuera à réguler le marché et à réglementer la pratique commerciale.

Vous rassurez donc les consommateurs quant à une baisse du prix ?

Affirmatif. Cette baisse relative touchera les entreprises publiques surtout avec l’entrée en vigueur du décret, il est toujours difficile de fixer le juste prix du ciment.

L’Edimco de Tizi-Ouzou est sortie de la crise, elle affiche une bonne santé et paraît-il, elle investit sur fonds propres…

Nous avons réalisé, fin juillet, un chiffre d’affaires de 215 millions de dinars, ce qui représente 113% des objectifs annuels de l’entreprise. Nous avons un plan d’investissement qui contient une réorganisation de l’entreprise, particulièrement la direction commerciale. Nous sommes aussi sur un programme d’extension avec l’augmentation des capacités de conditionnements.

C’est notre 3e année consécutive d’autofinancement des investissements. Nous avons un portefeuille client important que nous tentons de fidéliser au mieux avec des prix préférentiels. L’Edimco est aussi sur un programme de diversification de ses activités et de sa gamme de produits.

Entretien réalisé par Omar Zeghni

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