Après son installation, il s’avère que l’on perd encore plus qu’à l’époque du jeudi-vendredi. Aussi l’Algérien qui travaillait à l’ère de l’ancienne formule, cinq jours et demi, ne travaille aujourd’hui que cinq jours, soit une petite sèche d’une demi-journée.
Mais force est de constater que l’utilité économique de la nouvelle formule est vite balayée par un discours religieux, teint de sacralité. Dès l’annonce du week-end vendredi-samedi, l’enjeu principal était la journée du vendredi.
Le week-end étant plus présenté comme un repos hebdomadaire, mais une plage horaire dédiée à la prière. Les conservateurs ont vite fait de faire le forcing en criant sur tous les toits que le « vendredi est une journée sacrée », relayés par deux ministres de la République qui décrètent que les écoles et les universités resteront fermées les vendredi et samedi.
La logique veut que pour le premier jour du week-end (comme le jeudi par la passé ou le samedi dans un passé lointain), la vie sociale est maintenue et les commerces ouverts, et que le second soit un jour de repos.
Nos alchimistes nationaux se sont retrouvés du coup coincés par ce raisonnement si le vendredi matin devenait un jour de vie sociale et économique, le syndrome de la prière du vendredi disparaîtrait, dans le sens où celui qui travaille le vendredi matin et qui termine son travail à midi accomplirait sa prière du vendredi là où il se trouve.
La prière du vendredi terminée, les fidèles et les autres reprendraient leurs occupations et leurs activités commerciales.
Dans le cas d’espèce que l’on tente de nous imposer, la logique, si elle existe, doit se chercher ailleurs que chez nous.
Comment peut-on décréter deux jours de congé à un pays, l’un dénommé “jour sacré” et l’autre “jour de repos total” ?
Comment nous convaincre que travailler cinq jours est plus bénéfique que travailler cinq jours et demi ? Il faut dire que l’Etat régulateur de la vie sociale et économique a laissé faire en se contentant de rappeler la durée légale de travail hebdomadaire, et d’appeler les secteurs à s’organiser selon leurs convenances.
Les Algériens ne savent plus comment qualifier le vendredi-samedi. Est-ce un congé hebdomadaire ? Un week-end semi-religieux ? Un week-end semi-universel ? Où est-ce une improvisation appelée à être corrigée ?
Idir Benyounès