Une saignée en perspective

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La rentrée sociale est appréhendée par de nombreux citoyens, du moins ceux qui ne disposent pas de revenus conséquents pour faire face aux dépenses qu’exige la scolarité des enfants. Pour le moment, les préoccupations des gens sont ailleurs en ce mois de ramadan, à savoir comment répondre aux besoins de la famille en produits alimentaires pour passer la période du jeûne dans les meilleures conditions possibles, même si c’est tout le monde qui sentira les effets de l’érosion du pouvoir d’achat. Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, la population connaît de plus en plus un quotidien des plus difficiles en raison de la dégradation de la situation économique et sociale, avec son lôt de chômage, de mal vie et de pauvreté qui a fini par atteindre même des catégories sociales jusque-là épargnées, mais c’était avant qu’un coup ne soit donné au pouvoir d’achat du simple ouvrier, du fonctionnaire et même des cadres moyens.

Quand on n’a que son salaire pour affronter la rentrée sociale

En l’absence de toute évaluation ou d’étude pour savoir si les salaires actuels correspondent aux besoins vitaux d’un villageois et d’un habitant d’un petit centre urbain, représentant la composante d’une population comme celle de la wilaya de Tizi-Ouzou, on ne peut établir une carte sociale pouvant nous renseigner sur les indices de précarité à laquelle peut être soumise chaque famille.

En fait, tout ce qu’on sait nous provient de ce qui se dit dans la rue et de ce qu’on peut constater de visu dans les espaces commerciaux, devenus au fil des années des lieux où on peut sonder le moral des gens. Justement, à moins de deux semaines d’une rentrée sociale exceptionnelle, dans quel état d’esprit les chefs de famille se préparent pour aborder les choses. Un fonctionnaire à l’hôpital de Boghni, père de 2 enfants, ne se fait pas d’illusion quant à un quelconque changement. Pour lui, “le citoyen a cessé de se plaindre tellement il est habitué à penser toujours dans le sens négatif, tant rien ne l’encourage à changer de nature”. Et d’ajouter : “Finalement, on n’a que notre salaire pour affronter le reste de ce mois. La rentrée scolaire, puis la fête de l’Aïd mises à part, tout sera comme avant. Celui qui s’endettera le fera comme d’habitude et pour les autres chacun trouvera comment se débrouiller.” Dans la même collectivité, un groupe d’enseignants rencontrés près d’un kiosque à journaux, a tout de suite sauté sur l’occasion pour dénoncer le fait qu’ils n’ont pas perçu à ce jour leurs primes de rendement, une indemnité qui devaient leur être versée en juillet, ce qui dénote que c’est tout le monde qui a besoin de rentes supplémentaires.

Les oubliés de la rentrée

Il sont des milliers à travers toute la wilaya à ne pas pouvoir s’occuper de leur progéniture, non pas seulement à l’occasion de la rentrée des classes mais durant toute l’année. Généralement sans emploi permanent, cette catégorie de personnes ne fait pas l’objet d’un intérêt particulier des pouvoirs publics, du moins pour leur assurer une couverture sociale ou mettre en place pour eux un dispositif leur permettant de couvrir une partie des dépenses scolaires de plus en plus élevées. Il y a également ces personnes victimes de licenciements économiques, les bénificiaires de l’IAIG rémunérés à 3 000 DA, les ouvriers non déclarés que des entrepreneurs exploitent dans des chantiers.

Pour eux, la rentrée sociale n’est qu’une autre étape supplémentaire d’une vie de misère à laquelle ils se sont habitués, puisque le système est ainsi fait avec ses disparités et ses injustices.

M. Haddadi

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