Cette affaire rapportée par le quotidien El Watan a défrayé la chronique tant par le sort réservé à deux personnes dont le seul crime était de s’alimenter après une journée chargée et vu la chaleur et le voyage effectué depuis Tizi Ouzou.
Comme l’a rapporté le quotidien, les deux personnes qui se sont installées dans un parc à Ben Aknoun à l’abri des regards afin de respecter les jeûneurs ont été surpris par deux policiers en civil qui leur ont mené un interrogatoire digne d’une rafle contre des dealers. Ils ont vérifié leur identité et les ont conduites au poste, questionnées sur leur religion, accusées d’avoir bu de l’alcool et même d’être amants ! Avant que le cousin de Djamila soit interrogé de manière musclée et brutale allant jusqu’à signer un PV avant d’être conduit dans les geôles d’El Harrach menottes aux poignées pour « médisance du dogme et non-respect des préceptes de l’Islam ».
Cette affaire nous renseigne sur la violation des libertés individuelles chez nous allant jusqu’à mettre dans le même panier les criminels et les personnes qui n’observent pas le jeûne, même si les personnes en question se voulaient discrètes. La question mérite un débat de fond et essentiel afin d’arriver à dissiper les divergences comme celà a été fait dans les pays voisins où tout un chacun est libre de pratiquer son culte dans le respect d’autrui. En Algérie, c’est l’intolérance qui prime. Même un malade est sommé de jeûner sous peine d’être violenté. Durant le mois sacré, les Algériens durant la journée s’arrêtent de vivre et de travailler et passent leur temps dans les marchés où la violence est monnaie courante. Les victimes de cet excès de zèle ne sont pas près d’oublier leur mésaventure. Elles qui ont dénoncé ces pratiques qui piétinent la démocratie, ont été accusées d’être des impies qui portent atteinte au pays et où les étrangers établis en Algérie ne trouvent pas où se nourrir et boire. De là à parler de tourisme c’est un peu outrancier.Misogynie, violence et intolérance sont les mots qui caractérisent le mieux l’offense dont est victime le citoyen dont le point de vue diverge avec la pensée ambiante. Cela nous rappelle l’histoire des tracts distribués afin d’interdire le port de vêtements qui portent une croix sur des drapeaux étrangers, des voitures de marque américaine et la pratique du sport durant le ramadan, toute une série d’inquisitions et de ridicules parsemés de prosélytisme pour chambouler les habitudes et les libertés acquises après une lutte acharnée contre le terrorisme. Dans les approches, dans le contexte même de cette pratique, certaines voix à l’instar du MDS s’élèvent pour contrecarrer la menace intégriste qui s’infiltre dans le système. Ce cas n’est pas le premier et en appelle d’autres comme les militaires arrêtés pour ne pas avoir observé le jeûne, ce qui renseigne sur les libertés de chacun qui sont mises sous scellés pour laisser place à l’intolérance, à l’irrévérence et au mésestime.
Hacène Merbouti