Le corps sans vie de malek O., malade mental âgé de 34 ans, signalé par des citoyens à la Protection civile d’Akbou le matin du dimanche 11 octobre aurait été vu par des usagers de la RN 26 bien plutôt selon des informations recueillies auprès de ses proches. “Nous ne l’avons pas signalé car nous avons peut être pris dans la toile de l’enquête”, se seraient justifiés des automobilistes “anonymes” qui ont emprunté cet axe routier important qui relie Béjaïa et Alger.
Un argument déraisonnable car, extrapolé, il contredit “l’obligation de porter secours à personnes en danger”, obligation universelle inscrite dans les lois de toutes les nations. Le législateur a classé la non-déclaration de tels actes comme criminelle. Selon toujours les témoignages de citoyens qui ont vu le corps après son signalement à la Protection civile, des débris de verre étaient éparpillées à quelques soixante mètres sur le lieu de la découverte du cadavre ce qui plaide pur une mort consécutive à un accident de la circulation. Mais tous les accidents ne sont pas mortels ! La victime devait bénéficier, au même titre que tous, de l’obligation de soins qui auraient pu être apportés. Une autopsie a été pratiquée sur le corps du défunt. Pour savoir plus sur l’heure et les causes exactes du décès, nous nous sommes rapprochés des autorités en charge du dossier. Malheureusement aucune information ne nous a été communiquée, par ces institutions qui justifient leur refus par le risque de perturber le cours de l’enquête. Ce qui s’est passé pendant la nuit de dimanche 11 octobre 2009 sur la RN 12 en dit long sur la déliquescence qui mine notre société. Après que des citoyens ont cessé de dénoncer les voyous et la violence par peur de représailles, lenteur des procédures juridiques et ou disproportions des peines prononcées par rapport à celles attendues par les plaignants, voilà qu’ils auraient hésité à signaler la présence d’un corps d’homme se trouvant sur le bord d’une route à grande circulation, une signalisation qui aurait sauvé la victime. Là où la peur, sous quelques prétextes qu’elle soit, est si grande et générale au point de nous empêcher de porter secours à un homme qui gît au bord d’une route, la porte est grandement ouverte à tous les dérapages. La civilisation place l’homme au dessus de toutes les considérations, tout manquement à cette règle replongerait la société humaine dans son état primitif sauvage.
B. Sadi