Zekri Idir, le “premier” rebelle guillotiné

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Il se révolte en déchirant et en jetant à la figure du caïd, un P-V de contravention de 8 douros ; l’équivalent de 800 francs de l’époque, ce qui lui coûta un mandat d’arrêt, lancé contre lui par la justice coloniale.

Il rentra dans la clandestinité et répond à la persécution des caïds des quatre aârchs (Iwakuren, Imechedallan, Aghvalou et Ath Mansour) qui lancèrent leurs hommes à ses trousses, mais Idir en retour, leur dressait des guet-apens et les détroussait un par un (inspiré sans doute par le légendaire bandit d’honneur Ahmed Oumeri), il réussit à déjouer tous les pièges grâce au concours de la population qui lui voue une grande admiration après avoir éliminé un caïd en 1925 qui voulait l’arrêter au lieudit Thizi n’Ath Ouavane, située entre Tizi n’Kouilal et Tirourdha.

Quelques mois plus tard, il tua le chef de la brigade de gendarmerie de Maillot actuelle M’chedallah, qui lança une chasse à l’homme à proximité de son village natal (Ighzer Iwakuren).

Idir tient la dragée haute aux forces coloniales durant 7 ans en multipliant les actions contre tout ce qui reflète l’administration et leur biens en persécutant à son tour, les gardes forestiers qu’il désarme et les dépouille à chaque fois, qu’ils s’aventurent dans les forêts, il est même arrivé à dérober plusieurs troupeaux d’ovins aux colons auxquels il donna des cauchemars.

Dans l’incapacité de l’arrêter, les gendarmes se rabattent sur ses parents qui se sont retrouvés obligés de s’exiler vers une autre région d’Ath Mansour pour échapper à la répression de l’administrateur de Maillot, ce dernier sous la pression de sa hiérarchie qui craint sans aucun doute, un effet d’entraînement que provoquerait ce “hors-la-loi”, dont on commençait à chanter durant les fêtes la bravoure par des textes de poésie, l’administration a opté par un stratagème payant durant cette époque de famine, en mettant sa tête par une mise à prix a tout citoyen qui divulguerait des renseignements précis sur ses déplacements ou son refuge. Une initiative qui ne tardera pas à donner ses fruits quelques mois plus tard, il fut dénoncé par un indigne, une dénonciation qui a permis aux forces coloniales de l’arrêter en 1925. Des membres de sa famille racontent qu’il a catégoriquement refusé à son père d’engager un avocat pour sa défense pour le simple fait qu’à l’époque, il n’y avait pas encore d’avocats algériens et qu’il répugne d’être défendu par un avocat d’origine française.

C’est ainsi, qu’en 1926, il fut condamné à mort et à être, “guillotiné,” sur la place publique par le tribunal de grande instance de Bouira, ce héros a refusé de faire appel contre cette sentence. Il fut décapité devant la brigade de gendarmerie de Maillot (actuel musée du moudjahid) un mardi, jour de marché hebdomadaire, en présence d’une foule nombreuse. Des témoins oculaires encore vivants racontent qu’il a été raté à trois reprises par la lame de la guillotine (couperet) rouillée, durant tout ce temps, il ne cessait d’insulter le colonialisme et ses collaborateurs. Les autorités présentes lors de l’exécution ont fait la sourde oreille à la demande de grâce que clamait la foule après le ratage de l’exécution comme le voulait la loi de cette époque.

Sur le registre des décès où il a été enregistré sous le n°60, on lit “exécuté le 13 février 1926 à 06 h du matin, déclaration faite par le brigadier de la gendarmerie de M’chedalah Erard Jean à l’adjoint administrateur indigène du douar M’chedallah”.

Oulaïd Soualah

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