Chaque année, le Canada dans le cadre de sa politique de “l’immigration choisie”, instaurée il y a plus de quinze ans, accueille quelque 30 000 étrangers, des travailleurs qualifiés qui sont sélectionnés selon des critères bien définis : niveau d’études, âge, maîtrise des langues et expérience professionnelle. Chez nous, c’est la province du Québec qui est la plus prisée, et ce en raison de la langue française. Le territoire exige néanmoins ses propres critères en plus des exigences du gouvernement fédéral du Canada. Ce faisant, un certificat de sélection du Québec est requis pour entamer les démarches pour l’obtention de la résidence permanente Depuis plus de 10 ans, des cabinets de consultants prolifèrent en Algérie ; ces derniers promettent aux personnes désireuses de s’établir au Canada la prise en charge de leurs démarches en contrepartie d’une somme qui n’est pas négligeable, voire mirobolante, 4000 euros soit 400 000 DA. Ces centres qui s’installent dans des appartements et qui prétendent travailler avec des avocats, ne font en effet que suivre les démarches habituelles : dépôt de dossier auprès de l’ambassade, préparation de l’entrevue… Au début, il vous faut un rendez-vous chez le consultant facturé à plus de 1000 DA chez certains, on étudie votre dossier et si vous répondez aux critères, on vous demande alors d’entamer les démarches sans attendre. Néanmoins, ces cabinets ne sont en effet que des intermédiaires, car vous pouvez vous-même, et pour 360 euros soit 36 000 DA, faire les démarches directement auprès de l’ambassade. En effet, les responsables du consulat du Canada ont mis en garde contre ces cabinets, qui en aucun cas ne garantissent l’octroi du visa. En d’autres termes, l’ambassade a qualifié ces centres d’immigration d’arnaqueurs et de profiteurs, en appelant les personnes qui désirent immigrer à passer directement par leurs services.
Mais certains cabinets sont allés plus loin en arnaquant les citoyens, comme le cabinet Brunet, qui s’est enfui de l’Algérie sans prévenir ceux qui ont entamé les démarches auprès de lui. Conséquences : des personnes ont perdu toutes leurs économies et un précieux temps. Car en réalité, dans ces centres, les démarches peuvent durer plus de trois ans, histoire de se faire un maximum de fric. Le cabinet qui se trouve à la rue Didouche-Mourad en est l’illustre exemple : plus de trois ans pour obtenir sa résidence permanente contre deux ans au maximum si vous faites les démarches vous-même et la facture atteint rapidement les 420 000 DA. A El Achour ou à Hussein Dey, des cabinets ont vu le jour pour prendre les commandes de vos dossiers. Leur façon de faire est tout à fait simple. Si vous remplissez les exigences du gouvernement canadien, on prend votre dossier, on le dépose à l’ambassade, et au fur à mesure que le dossier avance, on vous contacte pour apporter des pièces supplémentaires et on vous prépare à l’entrevue : autrement dit, on vous assiste pour ne pas vous brouiller dans la paperasse et en contrepartie vous déboursez 3 000 euros de plus que les tarifs exigés par l’ambassade, à savoir 400 euros. On a visité ces bureaux de fortune, qui aux murs ont accroché les drapeaux canadiens et québécois, installé une secrétaire, un consultant et une assistante et le tour est joué, un rendez-vous par téléphone, on encaisse l’argent, et badaboum ! on vient de vous soutirer 4 000 euros pour un visa qui vaut 400 euros.
Hacène Merbouti