Le public en extase

Partager

Mouloud Mammeri, l’homme éternel de la littérature, a été à l’honneur ce dimanche, sur les planches du Théâtre de Bgayet, et cela à travers la pièce inédite, « Le Foehn » mise en scène par Djamel Abdelli.

Nouée autour de la thématique de la guerre d’Indépendance et soutenue par une superbe interprétation des comédiens, qui tout en étant facétieux, ont su rendre la gravité du contexte historique et la chronique a captivé et ému le public présent dans la salle de théâtre. Sous un décor pourtant loin de l’ambiance des tranchées ou des casernes où l’histoire du « Foehn » s’est déroulée au temps de la colonisation française. La pièce raconte l’histoire d’un jeune résistant, arrêté au moment même où, il s’apprêtait à commettre un attentat contre un officier de l’armée coloniale. En effet, la tragédie “le Foehn” se passe à l’aube. Tarik, un jeune fidaï algérois, rentre chez sa mère Zohra à La Casbah, peu après, la levée du couvre-feu imposée par les autorités coloniales. Il simule d’être saoul pour ne pas être intercepté par la patrouille des soldats coloniaux alors qu’il rentrait d’une réunion de cellule de partisans ayant programmé l’assassinat du commandant Brudeau, un colon irréductible.

Devant superviser l’attentat, il fait ses adieux à sa sœur Aïni en évitant de revoir sa vieille mère toujours angoissée et inquiète. Pendant que le colon commandant, discute avec sa fille Brigitte une avocate humaniste, pour l’informer du piège qu’il veut tendre à Abane Ramdane pour l’arrêter et le neutraliser, en capturant le fidaï Tarik, pour essayer de le retourner contre les siens.

Emprisonné, torturé, humilié, il finit « ses épreuves » auprès de sa cible manquée qui l’interrogera vainement afin de lui soutirer des aveux. Peine perdue. Tarik tint bon, bien que se sachant voué au peloton d’exécution. De guerre lasse, et au terme d’une parodie de procès, son bourreau finit en effet, par donner l’ordre de le passer par les armes.

D’une scène à l’autre, les comédiens du dramaturge Omar Fetmouche, ont ramené le public présent aux moments de l’amplitude de la révolution qui a soufflé comme un foehn, ce vent du sud qui sévit principalement dans les Alpes en Suisse ; le colonialisme a perdu le sens de la mesure. Il est devenu fou à l’image du procès mis en place pour juger Tarik et de la fin à laquelle a eu droit son bourreau. Il a tout simplement perdu la tête.

Toutefois, « le Foehn » écrit dans sa première version en 1957 et réécrit à nouveau par ce maître de la littérature, ultérieurement pendant son exil en 1958, interroge non seulement l’histoire mais aborde l’aspect manichéen voire philosophique de la vie. Déclamée, alternativement en kabyle et en français, cette sublime pièce de théâtre mise en scène par Djamel Abdelli et que Mouloud Mammeri a consacré à la guerre d’Algérie reste l’une des grandes pièces adaptées par l’univers théâtral amazigh.

Ouerdia Sait

Partager