Les averses qui se sont abattues, ses dernières 24 heures, sur la ville de Bouira, suffisent amplement pour faire prendre conscience aux autorités locales des dégâts que généreraient des pluies plus importantes et qui perdureraient dans le temps.
Le vieux bâti datant de l’ère coloniale et composant une partie importante du tissu urbain est sans aucun doute le plus fragile, surtout lorsque la flotte est accompagnée de rafales de vents. Nous nous rappelons tous de ces intempéries enregistrées en septembre 2007. L’effondrement d’un mur, dans la cité El-Wasfa, à Sour El-Ghozlane, avait alors coûté la vie à deux citoyens. S’agissant des taudis de fortune implantés sur le lit tari de Oued Dous, le risque est encore plus probable. Les avaloirs tout de suite obstrués et dépassés par le flux d’eau ne permettaient pas une meilleure évacuation. Du coup, l’eau couvre l’asphalte pour déborder carrément sur les trottoirs et va jusqu’à inonder des appartements du rez-de-chaussée. Cela a été le cas, en octobre 2008, au niveau de la cité du Premier-Novembre à Draâ El Bordj où les appartements ont été submergés d’eau à hauteur de plus d’un demi-mètre. Fort heureusement, la flotte n’avait touché que le mobilier. Fort heureusement aussi que les fortes rafales de vents n’avaient pas suivi. La même intrusion d’eau avait été enregistrée du côté de la cité des 122-Logements. Là aussi, la flotte a inondé les appartements du rez-de-chaussée.
Au niveau du boulevard Zighoud-Youcef, le bitume avait été le réceptacle du déversement d’eau entraînant dans son passage boue, branchage et autres détritus. La circulation, aussi bien automobile que piétonne, n’était pas des plus faciles, voire impossible par certains endroits. Cela étant, la conversion de l’artère en boulevard et les aménagements que le chantier supposé écartent le risque de voir l’asphalte submergé de flotte. Idem pour le nouveau boulevard allant de la cité universitaire à Farachati. Par contre, les travaux lancés au niveau de la gare routière ne semblent pas empêcher l’eau pluviale d’aller narguer les automobilistes. Par ailleurs, la rudesse de l’hiver, si rudesse il y a, se sentira davantage dans les villages et les hameaux reculés de Bouira. La poudreuse s’est déjà posée sur les hauteurs de la wilaya (800 m d’altitude). Le tableau est sans doute beau, d’autant plus qu’il est agrémenté, de temps à autre, de belles éclaircies. Seulement, cette beauté formelle n’est pas forcément appréciée outre mesure par tous les Imesdurar (montagnards). A vrai dire, eux, c’est avec la peur au ventre qu’ils accueillent les premières chutes de neige. Le triste souvenir des hivers rudes, notamment celui de 2004/2005, est encore vivace. L’on se rappelle tous ces hameaux et villages qui, pendant cet hiver et durant une bonne semaine, étaient coupés du monde, de la… “vie’’. Rien ne roulait sur les routes obstruées par la neige et la gadoue. Pour s’approvisionner, les villageois – ceux, bien entendu, qui ne sont pas loin des centres urbains – n’avaient d’autre choix que de se déplacer à pieds.
Les plus éloignés se sont rabattus sur le moyen le plus vieux et le plus sûr de locomotion : les bêtes de somme. Mais la situation devient dramatique dès lors qu’il s’agit d’une urgence. C’était le cas, rappelons-le, de cette jeune femme de la région d’El-Hachimia sur le point d’accoucher et qu’on évacuera, faute de mieux, à dos de mulet vers l”hôpital. La jeune femme ne survivra pas. D’autres cas plus tristes les uns que les autres avaient été aussi signalés ici et là, à travers les villages de Bouira. Des familles entières en provenance de l’est et de l’ouest du pays, avaient été bloquées au niveau de la RN 5. Fort heureusement pour elles, l’élan de solidarité s’était spontanément et tout de suite manifesté.
Ces familles ont été prises en charge, le temps que la situation se débloque, par les populations des daïras de Bechloul et de M’chedellah. Sinon, aucun centre d’accueil n’a été prévu par les autorités locales en prévision des… prévisions météorologiques.
Cela viendra dans la précipitation, un peu plus tard. Et à ce propos, force est de constater que les responsables locaux ne semblent pas accorder de l’intérêt aux bulletins météorologiques. Autrement, ils auraient pris les devants en mettant en place les mécanismes à même de pallier tant bien que mal, au bon moment, la situation de blocage. Cela passe par l’approvisionnement des zones reculées en matière de gaz et, surtout, d’affectation d’engins et autres bulldozers au niveau des routes principales reliant les villages aux centres urbains.
Il est vrai qu’on est loin de la situation 2004/2005. Mais l’hiver n’a pas encore frappé à nos portes. Il est donc recommandé aux autorités locales de prendre, dès maintenant, les devants. Ce qui ne va pas sans une “culture de la prévision’’.
Salas O. A.