L’on s’interroge sur le pourquoi de tous ces obstacles dressés devant cet enseignement, pourtant acquis après une lutte sans relâche durant plusieurs décennies.
Pour cette fois-ci, ce sont les enseignants de la wilaya de Bgayet qui tirent la sonnette d’alarme quant à la gestion réservée à cette matière par des directeurs de certains établissements. Ces enseignants adhérents de l’Association Tidmi estiment que les chefs de certains établissements ont confectionné des horaires durant deux journées de repos pour enseigner tamazight. Ils ajoutent que cette matière est secondaire et facultative chez ces responsables. Des exemples ont été fournis concernant cette nouvelle méthode de saborder un enseignement. Enfin, un coup de Jarnac pour les enseignants et aussi pour les élèves désirant étudier leur langue.
Ce genre de réactions ségrégationnistes à l’encontre de tamazight ne doivent pas passer inaperçues. Elles montrent, on ne peut plus réactionnaires, cette envie d’exclure tamazight avec tous les moyens et quelles que que soient les conséquences auxquelles elle peuvent aboutir. La reléguer à un second plan est aussi une manière de la tuer à petit feu.
Plus grave encore, un seul enseignant est désigné pour assurer l’enseignement de cette langue dans deux établissements distincts, et cela sans que les deux chefs d’établissements prennent les mesures nécessaires ou se concertent, notamment sur l’emploi du temps, pour assurer une dispension régulière et continue de la matière.
Tous ces ouï-dire qui entourent l’enseignement de tamazight ne doivent pas, par contre, être un tremplin pour se focaliser uniquement sur cet aspect.
Il y va de la survie de cet enseignement pour ce corps professoral désigné pour cette tâche.
Il ne suffit pas de se réclamer enseignant de tamazight pour attirer les regards lorsque l’on sait pertinemment que tamazight a besoin de plus d’efforts et de productions didactiques qu’autre chose. Rester figé sur un seul mot d’ordre en se réclamant de tamazight di lakul, sans avoir cure du développement scientifique, de la production littéraire… que nécessite son épanouissement, est au moins aussi nuisible que les réactions anti-tamazight des pouvoirs publics.
Sans trop s’attarder sur la chose, les opportunités offertes à une catégorie d’enseignants de tamazight ne doivent en aucun cas occulter l’aspect scientifique de cet enseignement.
Une remise à niveau est primordiale pour mieux assurer cette ardue tâche. Impliquer les universitaires et autres spécialistes donnera encore plus d’envergure à son enseignement.
Il lui donnera une efficacité au double plan scientifique et pédagogique dans la mesure où la langue sera désidéologisée et permettra ainsi son épanouissement et son intégration pleine et entière dans le système éducatif, même si ce dernier semble ne pas vouloir offrir son plein appui à tamazight.
M. Mouloudj