Un silence de mort tombe brusquement sur la plate-forme du village où on avait installé un écran géant. Visages fermés, ces nombreux jeunes qui exultaient quelques minutes auparavant, semblaient abattus.
Le ciel venait de leur tomber sur la tête. Cette défaite a un goût d’élimination. Ils étaient tellement sûrs de la victoire. Imaginer une autre issue au match ne serait-ce qu’un seul instant, serait commettre un sacrilège. Même si rien n’est perdu, on ne pourra jamais refaire l’ambiance qui avait prévalu, tout au long de la journée et les jours d’avant.
Les défilés de voitures, arborant les drapeaux aux couleurs nationales, ont commencé de bonne heure, ce samedi.
Au fil des heures, les retardataires rejoignaient le gros des troupes, compliquant de plus en plus, la circulation. Qu’a cela ne tienne, le jour était à la bonne humeur et à la patience. Agglutinés aux portières, des jeunes balayaient l’air de leur drapeaux aussi larges les uns que les autres. Les chants à la gloire des fennecs résonnaient à tous les coins de rue, dans les voiture et les commerces, “El Khedhra” était sur toutes les lèvres.
Les posters distribués, avec parcimonie par les buralistes, étaient collés aux côtés des drapeaux. Comme lors du mois de carême, à l’approche de l’Adhan, la rue se vide peu à peu. Bien avant dix huit heures, les supporters quittent les grands axes pour “peupler” les villages et les places où le data show est déjà en place. Il était difficile de se procurer cet appareil des temps modernes qui battra le rappel de tous les villages, dans une sorte de communion où les coudes se serrant et les voix s’unissent pour un seul but : la victoire de l’Algérie.
Les mots ne sont pas assez forts pour décrire cette “folie” qui s’empare de tous grands et petits. Nous avions déjà un avant goût de ce qu’aurait pu être la fête si…
Elle n’aura finalement pas, lieu samedi soir. Ce n’est que partie remise, osons-nous espérer. Les drapeaux rangés, ressortiront-ils mercredi prochain ? Peut-être, mais la fête ne sera pas ce qu’elle aurait pu être aujourd’hui.
A. O. T.