Patrie ou “Oumma” ?

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La déclaration du ministre de l’Intérieur et des collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, lors de la 14e Conférence des ministres de l’Intérieur de la Méditérannée occidentale (CIMO), est venue à point nommé recadrer le débat et conforter l’idéal républicain. Le numéro un de la sécurité en Algérie a une fois de plus rappelé que le traitement du terrorisme ne saurait se confiner au volet sécuritaire et policier. Zerhouni a insisté sur l’éradication du mal à la racine, en s’attaquant à la “matrice idéologique” du terrorisme. Dans notre cas, le terrorisme se revendique de l’idéologie islamiste. Le ministre de l’Intérieur, en homme avisé, sait que l’islamisme est encore présent sous différentes manières et coutures dans notre pays, et ceci malgré sa défaite militaire, grâce aux efforts quasi quotidiens des services de sécurité et des patriotes. On ne peut s’empêcher de penser que ce recadrement de Zerhouni intervient au lendemain de la victoire de l’équipe nationale à Khartoum face à l’Egypte. Ainsi, tout le monde aura constaté l’absence des islamistes lors des manifestations de joie à travers tout le pays. Plus encore, ils se sont terrés face à des “dépassements” qu’ils n’ont jamais tolérés ou acceptés ! Des filles mêlées à des garçons, l’emblème national autour du cou et dansant au milieu de la chaussée, sont des choses que les islamistes ne conçoivent même pas. Mais la déferlante nationale et la liesse populaire ont contraint les barbus à rester dans leurs petits souliers en priant Dieu que cela se termine au plus vite. Même si le football les intéresse, les islamistes, militants d’une oumma transfrontalière ont une sainte horreur du patriotisme. L’épisode sanguinaire du Caire, qu’ont vécus les Verts et les supporters algériens, vient d’abattre l’idéologie internationaliste et “oumiste” des frères musulmans. Il faut dire que chez les islamistes algériens, l’Egypte, pays du fondateur de la confrérie des frères musulmans, Hassan El Bana, est perçue comme une véritable référence de leur mouvement. Les insultes, les agressions et les lynchages des Egyptiens, qui disent l’avoir fait pour leur patrie, a fini par détruire les dernières illusions des islamistes. Cette situation est vécue également comme une catastrophe panarabiste par les baâthistes du monde arabe.

Les décideurs algériens savent qu’ils doivent tirer profit de cette vague patriotique pour apporter des changements nécessaires et salutaires, en surfant sur cette vague de le jeunesse algérienne qui a su réinventer l’amour de la patrie, de l’emblème national et de l’algérianité.

Chérif Amayas

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