La dépression nerveuse en hausse

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La dépression nerveuse est devenue l’une des principales causes de mortalités dans la wilaya de Bgayet, même si aucune statistique fiable ne permet pour l’heure d’appréhender l’étendue de cette maladie.

C’est que la liste des facteurs “déprossiogènes” ne cesse de s’allonger : violence sociale, chômage endémique sans perspectives d’avenir, traumatismes divers…

Le dernier facteur est identifié comme étant la cause directe d’un état post traumatique chez le malade avant que celui-ci ne sombre dans la dépression proprement dite.

“Les conséquences d’un vécu traumatisant engendré par les drames sociaux sont très néfastes et aboutissent irrémédiablement à des troubles mentaux chez les personnes qui en sont victimes”, nous explique un psychiatre d’Akbou qui déplore au passage que la psychiatrie demeure stigmatisée, frappée de tabous, entourée de fausses croyances et de préjugés tenaces. “Le malade répugne souvent à aller chez le psychiatre personnage véhiculant une image sociale négative.”

Il considère généralement que : troubles du sommeil, fatigue anormale, détresse morale et confusion ne sont guère les symptômes d’une maladie nécessitant une prise en charge médicale”, ajoute-t-il. Malgré la rareté des consultations spontanées et la carence des chiffres officiels sur l’évolution épidémique de la dépression nerveuse, les praticiens relèvent unanimement que les troubles mentaux ont pris ces dernières années une ampleur inquiétante avec une prévalence de plus en plus marquée chez la frange juvénile. “C’est une tendance lourde qui se dégage. Une situation révélatrice d’un environnement social pour le moins déshumanisant,” nous confie notre interlocuteur. Le médecin met l’accent sur le fait que beaucoup de familles n’entreprennent une thérapie médicamenteuse que sur le tard, ce qui selon lui, hypothèque toutes les chances de guérison.

“Le malade bute d’abord sur l’incompréhension, voire l’hostilité de sa famille et de son entourage. On le traite de simulateur de fainéant. On refuse d’admettre sa maladie. C’est une fois que les signes d’alarme sont là qu’on se résoud enfin, à le prendre en charge”, analyse t-il. “Même les prescriptions du médecin, soutient-il, ne sont pas toujours respectées. le malade qui se retrouve en rupture de traitement rechute inévitablement”.

En matière thérapeutique, les psychiatres parlent d’une problématique fondamentale, celle de la dimension “debout dehors”. Les médecins avouent en effet que soustraire le malade à l’espace social habituel (dehors) et mettre celui-ci à l’abri du danger qu’il représenterait en tant que personne mentalement perturbée, n’est pas la panacée.

Car, estiment-ils, la mesure médico-légale d’enfermement permet d’intervenir de façon autoritaire sur l’espace dans lequel le malade se meut, en lui imposant provisoirement certes, un espace délimité où il doit se mouvoir. L’aspect de la liberté mis en jeu dans cette intervention est, de l’avis de certains psychiatres, un enjeu important dans la démarche thérapeutique. “L’idéal serait de parvenir à briser les murs des asiles psychiatriques”, soulignent les psychiatres. Ces derniers appelant de leurs vœux des soins médicaux plus ouverts vers la communauté (quartier, village…) et plus intégrés dans les soins de santé primaire dispensés au niveau des structures de proximité.

N. Maouche

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