Le stade Bourouba-Saïd de Bouira nous a offert, hier dans l’après-midi, un spectacle (voir papier de Djamel M.) que nous ne pensions pas revoir de sitôt dans ce fragment d’Algérie malmené par le terrorisme et sa matrice islamiste. Il n’y a pas si longtemps, ce même terrain de football était l’une des tribunes politiques à partir de laquelle toutes barbes confondues appelaient à la mise à mort de la République.
Ces appels moyenâgeux et répétitifs accompagnés de violences terroristes ont, une décennie durant, paralysé l’instinct de la vie. Le chaos était tel que fumer une cigarette, lire un journal ou se rendre tout simplement au travail relevaient de l’audace. L’idéal islamiste ne se limitait pas à diffuser des “fetwas” musclées bannissant le cinéma, le théâtre, la musique, la mixité… il poussera son bouchon négateur jusqu’à préférer un fanion de pirates moyen-orientaux aux couleurs nationales. Pendant cette mainmise intégriste, une jeunesse, sans repères solides et fragilisée par un système éducatif désuet, se retrouvait de mieux en mieux dans le discours facile que lui proposaient les disciples d’El Bana. Dès lors, le basculement de l’autre côté de la vie n’était pas loin. Mais voilà qu’encore une fois le patriotisme s’interpose entre la vie et la mort. L’Algérie se redresse non sans séquelles. Le citoyen sort de son terrier. La vie reprend timidement ses droits sur fond d’intrusions terroristes ne désespérant toujours pas d’avoir le dernier mot. Mais la joie de vivre et celle de hisser fièrement l’emblème national n’étaient pas encore au rendez-vous. Quand bien même l’Algérie officielle invitait le citoyen à le faire. Et voilà que sans qu’elle ne soit invitée à le faire, la jeunesse qui n’a pas vraiment vécu le traumatisme des années 1990, hisse d’une manière sublime les couleurs nationales. Ce déversement spontané de patriotisme revendiquant l’appartenance à la République algérienne est à même d’étouffer définitivement les prétentions intégristes, pour peu que le pouvoir en place se saisisse de cette générosité et l’accompagne à bon port.
T. O. A
