“Le terrorisme en Algérie est nourri par l’islamophobie qui règne en Europe”

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Les pays qui suscitent tant de réaction ont à l’occasion soulevé un tollé au sein de l’opinion publique sont sans conteste le trio : France-Suisse-Italie dont les gouvernants ont instauré un débat sur l’identité nationale, notamment la France qui par le biais de son président Nicolas Sarkozy a mis en place une machine xénophobe à expulsion, en dédiant de ce fait un ministère pour l’Immigration et l’Identitée nationale dirigé par le controversé Eric Besson et autrefois le maître à penser des expulsions Brice Hortefeux. Hier, la réaction officielle de l’Algérie est venue de la bouche même du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III. En effet, usant d’un verbe direct, il ne s’est pas fait prier pour commenter le débat qui prévaut actuellement outremer sur l’identité nationale et l’interdiction des minarets, ainsi que l’islamophobie et la xénophobie qui s’intensifient dans certains pays. “L’amplification de la xénophobie et l’islamophobie en particulier en Europe alimentent le terrorisme et l’extrémisme religieux et compliquent la lutte contre les radicaux et les fanatiques” a déclaré le ministre de l’Intérieur. Et de commenter que “le référendum, voté fin novembre en Suisse, sur l’interdiction de la construction de minarets n’était pas opportun”. Dans ce sens, les Suisses avaient voté par voie référendaire à une large majorité de 57,5% pour l’interdiction de la construction de minarets sur leur territoire. Dans ce sens, il qualifiera les propos de certains politiques de “proches du nazisme” visant de ce fait certainement la France, la Suisse et l’Italie sans les ménager au passage : “Le référendum sur les minarets en Suisse est une dérive et une étourderie.” Et de justifier ses propos par le sentiment de l’islamophobie et de haine que cette campagne a créé auprès des Suisses en s’interrogeant notamment sur les dessous et les intentions que cache ce référendum : “Certaines déclarations outre-mer alimentent le terrorisme, notamment des propos blasphèmatoires” citant dans ce sens “les personnes qui disent que l’islam est contre la femme et la rend soumise, et porte atteinte à la démocratie ». Concernant le débat sur l’identité nationale qui alimente toutes les discussions en France, Noureddine Yazid Zerhouni est formel : “Ce débat relève plus de la xénophobie vis-à-vis de la population maghrébine”, soulevant de ce fait “les dérapages multiples des politiques dans ce débat”. Allant plus loin, le ministre de l’Intérieur dira que “ces déclarations et comportements islamophobes et racistes alimentent l’extrémisme et le terrorisme chez nous en Algérie”. Dans ce contexte et en réponse à la campagne d’expulsions dont font l’objet les étrangers en Europe et plus précisément en France, Noureddine Yazid Zerhouni est clair : “Il n’est pas évident de construire une union méditerranéenne si les citoyens sont refoulés et ne peuvent pas circuler librement dans les pays qui donnent sur cette mer, c’est aberrant.” Et d’ajouter : “Avant de parler d’une union méditerranéenne, il est d’abord primordial d’aborder des sujets plus importants comme la libre circulation des personnes au sein de cet espace”, soulevant à cet effet les conditions de délivrance de visas. “Les procédures actuelles de délivrance de visas ne sont pas à la mesure du dessin affiché par les pays qui œuvrent pour la création de l’UPM, il est nécessaire de satisfaire toutes les parties et élargir le champ des discussions” et d’appeler à l’occasion au respect par les pays d’accueil des droits et de la dignité des personnes qui sont renvoyées dans leurs pays d’origine, ainsi qu’au respect des immigrés qui séjournent légalement dans ces pays.

Hacène Merbouti

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