La région croule toujours sous la misère

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La Kabylie n’en peut plus. Chômage, délinquance, drogue, insécurité et terrorisme sont le décor d’un quotidien sobre des pauvres diables de Kabylie. Aucune opportunité de développement à l’horizon, surtout, depuis qu’elle a choisi le chemin de la révolte citoyenne en 2001. Lors de la dernière élection présidentielle qui a vu Abdelaziz Bouteflika succéder à lui-même à la tête de l’Etat, des promesses ont été faites afin de remédier à la situation qui prévaut en Kabylie. A Béjaïa, le chef de l’Etat et candidat a promis un plan de relance spécial pour la wilaya. Même topo à Tizi-Ouzou, Abdelaziz Bouteflika est allé même jusqu’à solliciter l’aide des citoyens pour en finir avec le problème des assiettes foncières, mais depuis rien n’a été fait. Même sa visite annoncée pourtant avant la fin de l’année en cours est intervenue pour mettre le holà dans cette région. Les conséquences des émeutes qui ont endeuillé la région suite à la répression sanglante qui s’est abattue sur la Kabylie n’arrivent toujours pas à quitter les esprits. Le décor lugubre orne lamentablement les regards, qui ne veulent surtout pas tourner vers d’autres horizons. “La substantifique moelle” de la région étant touchée de plein fouet, il était difficile, ont averti les observateurs, d’un retour à la normale tant que le contentieux n’a pas bénéficié d’un traitement à la hauteur des dégâts occasionnés. Cette région est-elle tombée sur un os jusqu’au point de ne susciter aucun intérêt chez les responsables ? Tout porte à le croire, surtout quand on remarque qu’une montée inquiétante de la criminalité et de la délinquance menace la paisible vie des citoyens de Kabylie.

Emeutes, barricades…, unique volonté

Huit ans après le Printemps noir, les réactions n’ont pas changé. Les émeutes et les barricades des routes sont devenues monnaie courante en Kabylie. C’est devant la sourde oreille que fait l’Administration et tous les passe-droits qui jalonnent ses démarches que le citoyen recourt à ce moyen “d’expression” pour se faire entendre. Même les commis de l’Etat tirent la sonnette d’alarme contre le comportement des agents de l’Administration. L’exemple nous est venu du P/APW de Béjaïa, Hamid Ferhat, qui n’a pas hésité à tirer à boulets rouges sur l’administration locale. Les vieilles badernes qui se targuent de leur position dans les rouages de l’Administration ont une immense responsabilité dans plusieurs blocages de projets. Même les hautes autorités du pays ont évoqué, à maintes reprises, la lenteur de l’administration et la bureaucratie qui s’ajoute à sa paralysie. La démission de l’Etat durant les dernières années a fait que les portes ont été grandes ouvertes à toutes les aventures, y compris, les plus funestes. Les industriels qui ont choisi de s’installer dans la région n’ont pas trouvé les garanties nécessaires pour y rester. L’insécurité conjuguée à une démobilisation générale des services concernés les ont poussés à déserter les lieux. Aujourd’hui, la région est devenue un no man’s land où seuls le commerce de boissons alcoolisées et la prostitution prolifèrent.

Le terrorisme islamiste, un coup de dard !

Jadis havre de paix, la Kabylie est “dans les cordes” de l’islamisme armé qui pollue encore le climat d’insécurité qui y règne. Kidnappings, assassinats… tel est le quotidien des entrepreneurs et autres richissimes hommes d’affaires en Kabylie. Ce terrorisme cible la région depuis quelques années. Même s’il joue ses dernières cartes, il n’en demeure pas moins que les retombées de sa présence dans la région sont néfastes. D’abord la région s’est distinguée, bien avant l’apparition du mouvement armé, par son refus et son opposition au projet islamiste, ensuite, elle lui sert de région de repli. Le terrorisme écumant les forêts de Kabylie est le signe avant-coureur d’un changement de posture criminel en Kabylie. Elle qui rêvait d’une République moderne se retrouve confrontée à l’un des phénomènes terroristes les plus barbares au monde. Entre l’islamisme, politique et celui des maquis, une situation économique asphyxiée, une administration rigide dans ses préjugés bureaucratiques, la Kabylie sombre de plus en plus dans la disette et la dèche. Sans une solution urgente pour cette situation, la région risque de s’enfoncer davantage dans une spirale de violence et de misère que personne ne pourra résorber. Si les promesses faites à la Kabylie pour la tirer de cette situation ne sont pas une promesse électorale, il est temps que les pouvous publics agissent, sans subterfuges politiques ou idéologique. Il y va de la crédibilité de l’Etat de tenir ses engagements. En définitive, si ses approches et convictions politiques lui valent cette situation, elle en assume pleinement le choix pour ne pas quémander… une survie !

M. Mouloudj

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