Cette rencontre avec la population s’inscrit, faut-il le signaler, dans le cadre d’une série d’actions arrêtées dernièrement par ces élus pour se faire entendre. Des actions allant de rencontres avec les populations des communes bloquées jusqu’à la fermeture des axes routiers à la circulation en passant par la tenue de sit-in devant les sièges des APC, de daïras et de wilaya et le cas échéant devant l’APN. Ils entendent par là faire comprendre, d’un côté, à la population locale les raisons du blocage paralysant jusqu’à aujourd’hui leurs communes et, de l’autre, dénoncer le “laxisme” de l’administration qui, selon eux, rechigne à appliquer la loi. Dans la même voie, pour rappel, une première rencontre avait eu lieu vendredi dernier avec la population de Timezrit. C’est dire que ces élus sont déterminés à croiser le fer avec l’administration jusqu’à satisfaction de leurs revendications. D’ailleurs, ils menacent de recourir à la fermeture de la RN26 à la circulation, au niveau de la commune de Tazmalt, au terme de la réunion qui devrait se tenir cette semaine à Béni Mlikech, apprend-on d’un élu de Tinebdar joint au téléphone. L’appel du DRAG de Béjaïa à la sérénité n’a fait au demeurant que compliquer davantage la situation. D’ailleurs, suite aux déclarations de celui-ci, qui a eu à s’exprimer dernièrement sur les situations de blocage dans sept communes, les élus dissidents de ces municipalités reviennent derechef à la charge et amorcent une contre-offensive sans précédent. A la surprise générale, ils demandent carrément cette fois au wali de démettre ledit responsable de ses fonctions pour, accusent-ils, “son incompétence et/ou altitude méprisante avérée envers la population de Bgayet”. Ils estiment au passage que ce représentant de l’administration de wilaya, de surcroît en charge de la réglementation, a commis “des fautes graves”. Le DRAG de Béjaïa a précisément écrit dans une déclaration transmise à la presse que “la commission juridique mise en place par le wali a conclu que les pourvois en cassation sont suspensifs et qu’il faut attendre la décision de la Cour suprême”. Cette fameuse commission se serait bien évidemment penchée sur les cas des communes de Chemini et Béni M’likech avant de rendre ses conclusions au wali. Deux communes, selon des élus où les P/APC ont été condamnés conformément aux procédures du code pénal. Celui de Chemini, assure-t-on, par la Cour suprême a écopé de six mois de prison avec sursis. Une peine auparavant prononcée par le tribunal de Sidi Aïch puis confirmée par la Cour de Béjaïa avant que le mis en cause n’interjette un pourvoi en cassation à la Cour suprême qui aurait confirmé la peine. Le P/APC de Béni Mlikech, de son côté, a été condamné en première instance par le tribunal de Sidi Aïch à 2 000 DA d’amende, une condamnation confirmée par la cour, des peines requises à son encontre par le tribunal de Sidi Aïch et la Cour de Béjaïa. Le P/APC de Chemini, joint au téléphone, nous a déclaré qu’un pourvoi en cassation a été bel et bien introduit à la Cour suprême mais, précise-t-il, cette dernière ne s’est pas encore prononcée sur son cas. Donc, le jugement n’est pas définitif. Une déclaration qui cadre au demeurant avec celle du DRAG. C’est là justement que réside le nœud gordien de l’affaire. Il reste en revanche que les élus dissidents de cette municipalité soutiennent mordicus le contraire, à savoir que leur édile aurait été condamné par la Cour suprême, donc devant être “exclu définitivement de l’APC”, conformément à l’article 33 du code communal. C’est la parole du maire contre celle de ses élus. Qui dit vrai, qui dit faux ? L’empressement du DRAG à répondre aux élus dissidents laisse, en définitive, présager un autre scénario pour le moins chaotique. Une réponse pouvant en outre donner un argument supplémentaire pour les élus dissidents et acculer l’administration à trancher sur des cas restés jusque-là pendants. Le cas du maire de Chemini demeure jusque-là un mystère. La cour suprême a-t-elle rendu son verdict ? Si c’est le cas, “les jugements de la Cour suprême sont définitifs”, nous explique un avocat qui a requis l’anonymat. Donc, comme effet d’entraînement, l’exclusion du maire. Il est vrai, par ailleurs, que des suspensions d’élus, rappelons-le, ont été par le passé prononcées par l’ex-wali de Béjaïa. Dans ce sillage, le maire de Tichy a été relevé de ses fonctions par arrêté du wali, en date du 10 avril 2007 suite à sa condamnation par la Cour de Béjaïa, à six mois de prison, assortie d’une amende de 5 000 DA. Au vu des positions des uns et des autres, tout porte à croire que la situation s’enlise dangereusement vers une “guéguerre” politico-juridique avec en toile de fond une interprétation approximative, sinon aventureuse des lois de la République. Et comme la situation se corse ces jours-ci entre les deux parties, les pouvoirs publics commencent à perdre le bon sens et les élus dissidents la patience. Où va-t-on ?
Dalil S.